snake bite

@keira logan

Il es tôt, très tôt, trop tôt. Incapable de dormir, trois jours déjà que tu squatte sans gène au QG, sommeil polyphasique dans ton bureau pour ne pas finir endormie sur un de tes énièmes dossiers, et le cerveau qui pense trop. T'as les images du 4 juillet qui passent en boucle quand tu ferme les yeux, le sentiment de ta chaine qui se serre autour de ta gorge, de l'air qui te manque.
la certitude d'être impuissante.
La mort de Mani.
la mort de trop de collègues.
La mort de civils aussi.
Pas ta famille mais c'est toujours douloureux.
Même après tout ce temps le total des victimes est toujours difficile à digérer, et comme toujours, pour oublier, tu te noie dans le travail, dans l'entrainement, enchainer des horaires indécents entre ton jogging dans la ville jusqu'à en vomir dans une poubelle, les heures à la salle, à faire crier tes muscles, comme si tu pouvais changer quelque chose à la situation actuelle avec un peu plus d'endorphine. Des papiers, encore des papiers, à envoyer, à lire, à recevoir. Ecouter les suspects se faire interroger, écouter les soldats interroger les suspects puis interroger les soldats eux-même. Le genre de conneries à te faire exploser le cerveau, ne faire confiance en personne (( sauf à ceux qui portent les mêmes marques )).
Greebriar tu es occupé ? J'ai un truc pour toi
Il est tôt, mais Lamar est déjà à son bureau, alors que tu passe devant avec ton énième café. Lamar fait parti de ceux que t'apprécie un minimum. Ils ne sont pas nombreux. Mais Lamar te comprends et tu le comprends. Les mêmes difficultés à vous faire prendre au sérieux. A vous faire respecter.
Cette envie de croquer le monde à pleine dent, à le soumettre sous vos pieds, pour leur montrer.
J'ai peut être un instant à t'accorder
Alors que tu te glisse sur la chaise en face de son bureau. Un dossier ouvert qu'il tourne pour que tu puisse le regarder, un visage familier, le supposé mutant qui a cassé la jambe de Luke, et à côté un autre dossier qui suit, le visage d'une femme au visage un peu doux, l'un opposé de l'autre.
Je ne comprends rien à ce merdier, et j'aimerais que t'aille voir mademoiselle....Logan ? Pour essayer d'éclairer un peu tout ça ?
Des histoires de dénonciations, un vrai bordel pour l'unité de renseignement, à savoir si c'est juste une querelle, un règlement de compte, où s'il y a quelque chose d'autre à découvrir derrière tout ça. Tu attrape le dossier de la jeune femme entre tes mains avant de te relever.
J'vais voir ce que je peux faire.
Parce que t'es curieuse, parce que ça te rapproche aussi de l'autre mutant, parce que si tu continue à rester assise à ton bureau à boire du café encore, tu finiras surement pas exploser.

Il est toujours tôt, peut être un peu plus tard, mais toujours assez tôt pour être certaine que tu attrapera Keira Logan avant qu'elle puisse sortir de son appartement pour aller travailler. Pas d'uniforme, rien de bien officiel, qui pourrait laisser supposer que t'es une menace. T'as pris l'habitude, éviter de porter une cible sur ton dos quand t'es seule dans la rue, pourtant tu ne cache pas spécialement l'arme à ta ceinture, quand on regarde sous ta veste, et n'abandonne pas non plus ta posture trop carrée de militaire. (( Tu pourrais, mais tu n'as pas envie de jouer la comédie )).
Il te faut un instant pour trouver son adresse, un dernier regard à son dossier alors que tu claque la portière de ta voiture pour rentrer dans l'immeuble, sonner à sa porte.
ding dong.
Un instant, des bruits de pas, une porte qui s'ouvre.
Un sourire que tu plaque sur tes lèvres, calmer ton aura prédatrice lorsque tu la dévisage.
Keira Logan ? J'aurais besoin de vous parler, auriez vous quelques minutes à m'accorder ?
L'accent britannique que t'accentue, tu sais l'effet que ça provoque sur les autres, ça te rend soudain moins dangereuse, mais une personne attentive pourrait presque remarquer cette lueur dans le creux de tes pupilles.

Le mois de juillet, dans sa course effrénée, a piétiné tes os et bouleversé ta vie. Et tu n’as fait que refouler, refouler, refouler, contenir, réprimer, tu as tout tassé à l’intérieur sans jamais rien laisser sortir. La peur, l’angoisse, la surprise, la colère, l'incompréhension, la frustration, l’espoir. Tout s’est enchaîné si vite que tu n’as pas pris le temps de digérer tout ça et voilà que tu as du mal à trouver le sommeil. Le 4 juillet, les morts, ta blessure, Nicky, Don, Neide, Seth. C’est flou, c’est étrange, c’est rageant et excitant mais surtout, ça te bouleverse. ((Tu ne sais plus quoi penser.)).

Le grincement des ressorts. Le parquet qui craque. La vapeur d’eau chaude. La buée sur le miroir. Le dentifrice dans la bouche. La porte qui se ferme délicatement. La serviette qui glisse. Les bas qui recouvrent les jambes. La jupe qui chatouille les genoux. Le chemisier qui dissimule le buste. La poudre qui caresse la peau. Le mascara qui habille les cils. La couleur qui coule sur les lèvres. Le tourne-disque qui grésille. La tasse de café qui fume. C’est une nouvelle journée qui commence.

Le liquide chaud, plaisir brun dilué dans un nuage de lait, inonde ton palais alors que tes yeux sont scotchés à tes notes. Observations diverses, évolutions au fil des séances, sujets abordés, tu notes dans des coins de pages des commentaires pour d’éventuels changement de dosage. Le cas de la petite Robyn t’inquiète. Ses parents insistent pour qu’elle prenne un traitement, ils trouvent que la thérapie seule n’est pas suffisante. Mais tu ne peux tout simplement pas prescrire de médicament contre l’homosexualité. Et tu sens que si tu ne fais rien, ils finiront pas l’enfermer en asile, là où elle ne pourra rien y faire. ((Stupides Homophobes.))

Le mug au bout des lèvres, la sonnerie interrompt ton petit déjeuner. ((Étrange)). Izzie était à l’hôpital, Ezra était probablement encore au lit, peu de gens viennent te rendre visite à des heures aussi matinale. Tu te diriges alors vers l’entrée en arrangeant le bracelet de ta montre. La porte s’ouvre sur une silhouette imposante, de longues jambes, un buste assurée et un visage séduisant. Tu bats des cils, le rose colore à peine tes joues alors que tu hausses un sourcil. « Keira Logan ? ». « C’est bien moi, oui. ». Ta voix fluette siffle comme un carillon, l’accent étranger de la charmante demoiselle te saisirait presque à la gorge. « J'aurais besoin de vous parler, auriez vous quelques minutes à m'accorder ? ». La surprise se lit sur ton visage, tu jettes un rapide coup d’oeil au cadran. Tu n’es pas pressée, après tout. « Eh bien, cela dépend. A qui ai-je l’honneur ? ». Le fait que ce soit une femme -aussi attirante soit-elle- n’enlève pas pas le fait qu’elle puisse aussi être une personne dangereuse, après tout. ((Tu n’as pas idée, Keira.))

La porte qui s'ouvre sur une femme, jeune quelques années de moins que toi, 7 ans pour être exacte selon son dossier. Un visage légèrement différent de la photo floue épinglée sur une page de document, alors tu profite d'un court instant pour mieux la dévisager, t'imprimer de son apparence. L'odeur du café qui s'échappe de l'appartement, l'odeur du savon aussi. Une matinée comme les autres, peut être que toi aussi tu aurais ce rituel si tu savais vivre normalement.
C’est bien moi, oui
Sa voix douce qui s'élève dans le couloir, tu vois le rouge atteindre rapidement ses joues, c'est délicat, presque rien, juste un peu. Tu note l'information dans un coin de ta tête, avant de lui adresser un sourire courtois, pas trop chaleureux (( ça serait suspect )), pas non plus trop froid (( ne pas l'effrayer )), juste assez pour te rendre aimable.
Tes mots qui t'échappe alors que tu lui demande si elle a du temps à t'accorder, le regard vers sa montre, tu sais qu'elle a du temps. Bien entendu. Tu as vérifié son emploi du temps avant de venir pour être certaine de ne pas la louper. Non pas qu'aller l'interroger à son cabinet t'aurais dérangé, mais tu préfère t'inviter chez les gens, découvrir une part de leur intimité, la façon dont ils décorent leurs murs, les épices dans leur cuisine, combien de chambres, la salle de bain, la bibliothèque...Comme un besoin d'en apprendre autant que possible sur l'autre, pour mieux comprendre, mieux cerner tes proies.
Eh bien, cela dépend. A qui ai-je l’honneur ?
La méfiance légère, qui t'arrache un petit rire, avant que tu ne sorte de ta poche un badge, ton nom, ton prénom, et le fait que tu appartient à l'Unité AM exposé à la vue de la jeune femme. Tu n'as rien à lui cacher. elle en revanche ?
Willow Greebriar, je travaille avec l'Unité AM. Avant toute chose détendez vous je ne suis pas là pour vous arrêter
Les mains en l'air comme pour lui montrer que tu n'es pas un danger, tu fais preuve de bonne foi.
J'aurais quelques questions à vous poser à propos de.... ? Bruce ? Votre fiancé c'est ça ?
Détourner l'attention sur l'autre, poser des questions anodines pour essayer de comprendre ce qui se trame. Peut être que ce n'est rien. peut être qu'ils s’affolent tous pour rien.
Puis-je entrer ? Si ça ne vous dérange pas bien entendu. Promis je ne prendrais qu'un peu de votre temps
Ta main que tu viens poser doucement sur son épaule, une pression amicale avant de laisser tomber ton bras, lui promettre qu'il ne lui arrivera rien. T'es terrible Willow, parce que tes promesses pour ceux qui ne sont pas de ta famille, ne valent vraiment rien.

Avec le temps, tu avais appris à reconnaître les brutes de ce monde. Éternelle victime, c’est comme un instinct animal qui s’est peu à peu dévoilé jusqu’à devenir omniprésent. Il y a dans l’aura des persécuteurs une pression évidente qui touche tous les individus qui les entourent. Tu l’as tout de suite compris, sans même qu’elle ouvre la bouche : Cette femme est une prédatrice. Et toi, tu es sa proie.

Combien même tu pouvais être fragile, quand bien même tu pouvais être naïve, excessivement gentille parfois, anxieuse d’un nombre incalculable de chose, tu ne montrais jamais ta peur à tes persécuteurs car tu savais qu’ils l’utiliseraient pour se sentir encore plus fort. Car, au fond, ils sont les plus faibles ici. Leur pouvoir ne dépend que de l’emprise qu’ils ont sur les autres. Alors que ta force, elle, vient de toi et rien que toi. ((Tu ne te laisseras pas faire.))

La violence et la provocation n’ont jamais été tes armes favorites, contrairement à ton frère ou ta demi-soeur. Tu ne peux que répondre par ton amabilité débordante, cette douceur que certains trouvent écœurante, tu les noies dans tes sourires tendres et tes grands yeux de biches. Et ils finissent par mourir lentement dans ton torrent de bonnes intentions. Au final, n’est-ce pas toi, la pire de toutes, Keira ?

La prédatrice dégaine son badge dans un claquement de fouet, tes iris coulent sur le logo de l’unité anti-mutant, ton visage reste aussi scintillant qu’à l’usure. Ne pas lui donner de raisons de te soupçonner, ne pas lui donner de matière pour fouiner. Contente-toi de faire ce que tu fais le mieux, Keira. ((Souris.)). « Oh, très bien. Que puis-je faire pour vous, dans ce cas, Madame Greenbriar ? ». Sa comédie s’enclenche presque instantanément, endormir la proie avant de lui lacérer les omoplates. Tu étais bien familière avec ce stratagème, tu étais tombée si souvent dans le panneau. L’âge aide, traiter des enfants sociopathes et narcissiques encore plus. Pauvre Keira, on te sous-estime si facilement. ((Ça t’arrange.))

Les traits de ton visage se complaisent dans une délicate neutralité. Pourtant, dès l’instant où elle a prononcé le prénom de Bruce, ton coeur s’est emballé si fort qu’il aurait pu en faire trembler les murs. ((Elle sait.)). Non, elle doute, elle t’aurait déjà menotté dans le cas contraire. Et voilà qu’elle pénètre ton espace personnel, sa main qui s’agrippe à ton épaule, tu le voies comme une façon de s’imposer, elle veut montrer sa supériorité face à toi. ((Typique.)).

Tu t’écartes de la porte pour laisser le passage libre. « Eh bien, j’imagine que j’ai le temps pour quelques questions, si ça peut vous aider. ». Tu refermes la porte après qu’elle soit entrée, tu la laisses se familiariser avec ton living-room. Des photos de ta famille, de tes amis, ton diplôme qui décore le mur avec d’autres babioles sans que cela ne soit trop encombrants. Tout semblait petit et pourtant si épurée, ça collait bien à ta personnalité, au final. Tu ranges sans te presser les dossiers de tes patients éparpillés sur la table pour faire un peu de place. « Un café ? Thé ? ». Petit hôtesse modèle, que cette Willow fasse partie de l’uam ou non, tu ne faisais pas de différences de traitement. Mais Keira, tu sembles oublier quelque chose. Un cadre, une photo, des enfants. Il y a toi, bien sûre. ((Mais il y a aussi Seth.))