[TW] Everybody's Been Burned

04/05/2020

Un long moment à juste écouter le silence dans l'appartement de l'autre côté de la porte de son bureau, celui qui avait suivi le claquement de la porte d'entrée. Juste attendu, espérer, juste fixé le mur en face en essayant d'analyser ce qui s'était passé. Ce que ça voulait dire, sans vouloir l'accepter. Les tremblements dans ses mains, ses bras, autant causés par le froid qui perdurait de l'autre côté et commençait à passer par le fin interstice près du sol que par la fatigue, l'épuisement. La douleur. Celle qui lui avait arraché un cri alors qu'il levait le bras droit pour se remettre debout, qui avait déchiré sa poitrine quand il avait pris une grande inspiration. Serré les dents et continué de se hisser, pour passer de l'autre côté et refermer aussitôt derrière lui. Les chauffages de tout l'appartement qu'il avait monté au maximum, avant de faire pareil pour le thermostat et ouvrir d'autres fenêtres pour profiter de la chaleur extérieure. Bouger l'avait réchauffé mais il avait toujours aussi froid, et il avait récupéré le plaid pour le passer autour de ses épaules tout en essayant de ménager la droite. Pas assez, l'impression que le givre qui couvrait encore les vitres s'attaquait à son torse, à l'exception de l'endroit où ça brûlait. Et puis il y avait eu la couette, et la lutte pour l'enlever des draps qui portaient une odeur qui lui donnait envie de pleurer, ignorant les tiraillements et pointes acérées quand il avait fait pareil avec le reste de la literie avant de la mettre au sale.

S'enrouler dans la couverture un peu plus épaisse et réaliser l'autre problème, celui qui avait en partie fusionné avec les fibres de son tee-shirt, collé au plaid là où sa peau était à découvert. Qu'il allait vraiment devoir appeler quelqu'un. Il ne comptait pas vraiment le faire, juste dit ça pour ne pas aggraver un peu plus les choses, mais il allait avoir besoin d'aide. Oui mais qui, les yeux fixés sur le téléphone. Pas Nate, pour des raisons évidentes, et pas Lily, plus ou moins pour les mêmes. Charlie, et il avait composé sur numéro, pour raccrocher avant même la première sonnerie. Un lourd soupir, douloureux, brumeux, et il avait recommencé, tâchant de maîtriser au moins un peu le tremblement de sa seule main à découvert. Hey Charlie, it's Rahim... If that's not a bother... Could you... Could you come? Pas juste sa main qui tremblait, c'était une lutte pour le moindre mot, mais ça n'avait pas grand chose à voir avec le froid. I'm... I'm sorry to bother you... But I.. I need your help... L'humidité fraiche, bien plus que d'habitude, qui s'amoncelait au bord de ses paupières et qu'il avait rapidement essuyé, sa gorge se serrant un peu plus. ... Thanks mate. Le combiné qu'il avait fait tomber en essayant de raccrocher, obligé de s'appuyer contre le mur pour réussir.

Le même mur qu'il avait suivi jusque dans l'entrée pour se laisser tomber dans un coussin près de la porte, ramener ses jambes le plus près possible de son torse et resserrer les couvertures autour de lui, ignorant les élancements toujours plus lancinants. Il avait froid, si froid, et une terrible envie de juste fermer les yeux et dormir. Abandonner, oublier. Le regard fixé sur rien, à se redresser pour tendre l'oreille dès qu'il entendait des pas dans le couloir à l'extérieur, avant de réaliser que ça n'était pas pour lui. Pas celui qu'il avait appelé qu'il guettait, inutile de se faire des illusions, tout comme il savait que ça n'arriverait pas, mais ça n'empêchait pas son cœur de se mettre à battre plus fort, plus lourdement. D'espérer. De laisser retomber sa tête contre le mur, de se blottir un peu plus dans les couches de tissu, d'attendre et recommencer la fois suivante. Pas vraiment fait attention au temps qui était passé, même pas la pénombre qui tombait peu à peu dans l'appartement, trop occupé à se repasser en boucle ce qui s'était passé, tout ce qu'il avait mal fait, mal dit. Tout ce qu'il regrettait.

@Charlie Atkinson

09/06/2020

Chuis allongé sur mon plumard avec la gratte à la main, tentant de sortir quelques suites d’accord qui vaillent quelque chose, pas simplement de la soupe remâchée que pourrait sortir le premier péquenaud venu. Pas de travail ce soir, alors je suis juste là à rien faire. J’aurais bien proposé à Rahim qu’on se voie, mais, chais pas, j’ai pas vraiment osé. J’attends de nouvelles de personne, alors j’avoue que ça me surprend un peu, beaucoup même, au point de me faire sursauter, quand le téléphone sonne. Je me redresse sur mon lit, lâchant ma gratte que je pose à côté de moi, pas sûr d’avoir bien entendu. Deuxième sonnerie. Bon… ? Je suppose que… J’me lève, je m’avance vers l’appareil, et je saisis le combiné avec limite une hésitation comme s’il allait me brûler. « Hello ? » Que j’demande. La voix au bout du fil, je la connais. Rahim ! Mais il n’a pas l’air dans son état normal et immédiatement l’adrénaline vient former un tsunami qui s’écrase sur mon cerveau. « Rahim, are you alright mate ? What’s going on ? » La voix de l’autre côté demande de l’aide, et évidemment il n’a pas un mot de plus à dire. « I’ll be on my way mate, hang in there. » J’entend pas le click qui indique que Rahim a raccroché, mais plutôt divers bruits que j’arrive pas bien à identifier mais qui me rassurent pas, alors je raccroche de mon côté, et me prends un meuble, puis un deuxième, dans ma panique. Je me précipite à la cuisine pour faire en vitesse deux sanwiches que j’emballe dans de l’alu, plusieurs sachets de thé même si j’imagine qu’il en a chez lui, je fourre tout ça dans un sac et quelques instants plus tard me voilà parti.

Je trace la route jusqu’à chez Rahim, suppliant mentalement le bus d’aller plus vite, et finalement je monte les escaliers quatre à quatre, profitant d’un des voisins qui ouvre la porte pour sortir. Voilà que je toque à la porte. Je tourne la poignée, il se trouve qu’elle est ouverte. « I’m coming in mate, sorry it took me so long, » préviens-je, avant d’entrer, et voilà que je le trouve là. « Fucking hell, » c’est tout ce qui sort de ma bouche. « I don’t mean to be rude but you look like shit, » que j’dis pour essayer de détendre l’atmosphère, un demi sourire sur mes lèvres. Je m’accroupis en face de lui, laissant tomber mon sac. « What happened, man ? Are you hurt ? » Ça me fait un frisson le long de la colonne vertébrale de le voir comme ça. « For fuck’s sake… » Je m’essouffle tout seul à paniquer. « Okay, okay, i’m just going to… » Je me rapproche un peu, posant un genou à terre. « Can… Can you walk ? » La réponse est assez évidente vu comment il est recroquevillé là, par terre. « Nevermind, nervermind. I’m just gonna carry you, okay ? » Donc je passe mes bras autour de lui, un au niveau des épaules, l’autre que je finis par passer sous ses genoux, et je me relève. « Okay, i’m just gonna sit you down somewhere, and then i’ll make you a cuppa. Just tell me where. Do you want me to put you in your bed ? » Je sais pas vraiment quoi faire, j’ai beaucoup de mal à comprendre ce qui a bien pu se passer, et soudain alors que je me calme un peu, je me prends à frissonner. « It’s bloody cold in here innit, » je souffle, avant de réaliser. Il y a du gel sur les vitres, une atmosphère glaciale règne dans tout l’appartement. « Did… Did a… a mutant do that ? » J’demande d’une voix hésitante, sans trop savoir ce que je pourrais bien y faire de toute façon. Même si en vrai, s’il me donne un nom et une adresse, je vais faire un carnage… Mais en attendant, la priorité, c’est de l’aider lui.

04/05/2020

Il n’avait pas vraiment bougé quand Charlie était entré, et à peine hoché la tête en l'entendant commenter son apparence. Ouais, c'était un état assez récurrent ces derniers mois, celui qui se terminait n'avait fait que retarder un peu, qu'entretenir ses illusions sur une issue positive possible. Son regard qu'il gardait au mur en sentant celui de l'autre sur lui, baissé quand il lui demanda s'il était blessé, la réponse bloquée dans sa gorge. Maintenant qu'il était là, il regrettait de l'avoir appelé, autant à cause de l'inquiétude qu'il entendait dans sa voix qu'à cause du danger auquel il n'arrêtait pas de l'exposer. En lui disant pour sa mutation, le soir de l'évasion, et ce soir, parce qu'il n'était toujours pas sûr que l'U-AM ne remonterait pas jusqu'à lui, surtout après ce qui s'était passé quelques heures plus tôt. La sueur glacée qu'il avait senti couler dans son cou alors que certains événements bien précis revenaient à la surface, un en particulier, et la douleur soudaine dans son épaule qui l'en avait sorti.

La tension instantanée dans tout son corps, et ses jambes qu'il avait remué en même temps qu'il lâchait un "Put me down I can walk." bien plus agressif qu'il ne l'aurait souhaité. Non, il ne voulait pas qu'il le porte, pas qu'il le mette gentiment au lit pendant qu'il s'occupait de tout, vraiment pas besoin. Ces gestes, il ne les voulait que d'une seule personne. Le sol qu'il avait retrouvé, resserrant les couches autour de lui en serrant les dents. Sorry... Glissé alors que l'anglais remarquait la température, qu'il l'interrogeait sur sa provenance. Yeah... That's what happens when one of powerful ones lose control... Quand il n'était pas capable de le calmer, de le rassurer. Quand il faisait au contraire tout pour entretenir le chaos. Wasn't entirely their fault... Non, bien plus que la Malum ou sa foutue façon d'être, c'était la sienne, de manière un peu plus évidente à mesure qu'il y réfléchissait. Depuis qu'il était parti.

I'm mostly fine Charlie, I swear... Plus ou moins, pour ce qu'il était possible de soigner, guérir. Certains autres choses en revanche... Son dos qu'il avait appuyé contre le mur le plus proche, se blottissant un peu plus dans la couette alors qu'il affrontait le regard de son ami, le temps d'un battement de coeur, avant de fixer un point invisible au sol. I'm cold, and I think I have ice-burns... No frostbite though, guess that's a good thing... Ou il ne s'en était pas rendu compte, et donc ça ne méritait pas plus d'attention que ça. My shirt.. It's stuck in the burned areas... Et chaque mouvement, chaque pression, ne faisait qu'aggraver un peu plus les dégâts, mais ça n'était pas vraiment ça le problème. I can't go to the hospital, they'll ask questions... Un coin de sa bouche qui s'était relevé brièvement, douloureusement, en réalisant qu'il répétait presque mot pour mot ce qu'il avait entendu d'une autre bouche pendant des années. I'm sorry...

@Charlie Atkinson

09/06/2020

J’avoue, j’ai ptêt réagi de manière un peu rushée. J’crois que c’était un peu un réflexe de protection, d’essayer de le porter. Sa réaction me fait un peu penser à celle d’un chat mécontent, mais ça me fait presque l’effet d’une griffure. Je le repose, et je m’éloigne d’un pas ou deux, l’impression que mon cœur est tombé tout au fond de mon estomac. Je reste sans rien dire une, deux secondes. « I’m sorry. I should’ve waited for you to give me the ok, » que je dis comme un abruti, alors que j’ai envie de me frapper. Il s’excuse mais à vrai dire je suis juste vraiment là comme à con, à pas savoir quoi faire. J’ai envie d’aider, mais j’ai aucune idée de comment, je sais pas ce qu’il s’est passé, je sais pas de quoi il a besoin. Alors, je demande la première chose qui me passe par la tête, et comme je m’en doutais un peu, c’est un mutant. D’un autre côté, je vois pas qui ou quoi d’autre aurait pu foutre du givre sur les vitres. « I don’t give a fuck if it was their fault or not, you’re hurt. And that’s bad. That’s just really bad. Please, Rahim, please, I… » Je m’interromps, et il en profite pour me mettre un peu au courant de ce qui va pas. Je sens mon sang battre dans mes tempes, à la fois parce que je suis inquiet, et à la fois parce que je suis en colère. J’expire longuement, puis j’inspire. « That’s… That sounds really bad. » Bien sûr, qu’il vaudrait mieux l’emmener à l’hôpital. Les médecins apprennent à ne pas trop questionner, même si c’est vrai que par les temps qui courent… « You… You don’t have to… » Je me tais. C’est pas à moi de lui dire qui il a le droit de protéger ou non. Alors, je serre les dents, vraiment très fort, et je me tais.

Je me force à respirer fort à nouveau, et puis je me rapproche de nouveau un petit peu. « Okay, let’s go… Let’s go to the kitchen. I’ve never really done this on a living body, so i’m not really sure how to do it. But i think oil will help. Or, well, something greasy. To sorta… » Je fais un geste de main qui, j’en ai conscience, est certainement un peu trop vague. « To sorta kinda unstick the fabric ? Usually we’d just cut around it and then go the hospital, but you said… » Je soupire. « …You said no hospital. So… How much do you like this shirt ? Because i’m probably still gonna have to cut around the burns. » Une fois, Tim s’était un peu planté en envoyant un cocktail molotov et une partie de l’essence s’était répandue sur sa manche, qui avait pris feu, et la peau avait fusionné avec. Il a toujours la cicatrice aujourd’hui, et ça risque d’être pareil pour Rahim, il va la garder des années, voire pour toujours. Je l’accompagne à la cuisine, et j’ouvre les placards jusqu’à trouver une huile qui me semble faire l’affaire. « Well, sit down and show me where the burns are. And i’ll make you tea to get you warmer. Okay ? » Vu comment il a réagi tout à l’heure, je vais éviter de le toucher de nouveau. Ça serait un peu trop… Je sais pas. J’ai pas envie de le mettre mal à l’aise, ou… hm. Je me rapproche à nouveau, je m’accroupis face à lui histoire d’être plus à la hauteur de ce qu’il pourrait me montrer. « Oh, uh, yeah, i’m gonna need scissors, too. »

04/05/2020

Et comme un écho, il avait entendu ses propres mots sortir de la bouche de Charlie, vu son regard, le calme qu'il essayait de garder. Déjà vu, déjà vécu, juste que d'habitude c'était lui qui se mettait à s'affoler. Sa mâchoire un peu plus serrée alors qu'il allait dans la cuisine, que Charlie proposait une solution, qui n'était pas la bonne mais il l'avait laissé parler, s'appuyant contre le mur un instant avant de finalement tirer le tabouret pour s'asseoir, la pièce tanguant un peu trop à son goût. Pas le moment de tomber dans les pommes et de s'ouvrir le crâne, la situation était déjà bien assez compliquée comme ça. Et il n'était pas sûr de pouvoir retourner dans son corps tout de suite, vu la fatigue générale qui pesait un peu trop. Charlie... The skin dried into the fabric, oil won't help. And I'm not a bloody salad. Avec un sourire pour signifier le trait d'humour, même si la lourdeur de sa voix n'aidait pas vraiment. Les yeux rivés au sol pour ne pas croiser ceux de son ami, il avait pris une grande inspiration et avait lâché la couette qui était tombée au sol.Voulu faire pareil avec le plaid, et puis il y avait eu une douleur soudaine dans son bras gauche, là où le tissu s'était imprégné de lymphe. Fuck... Pas grand chose, mais bien assez pour envoyer des décharges jusque dans son crâne.

Sa mâchoire crispée alors qu'il tirait d'un coup pour libérer le tissu avant de le laisser tomber à son tour, et le morceau de peau à vif qui était apparu en dessous. La forme d'un auriculaire. Le reste de la main qui apparaissait en ombre sur la manche noire, collée à sa peau, encerclant son biceps. I have another one on the right shoulder, and the third is here. Un bref geste de la main droite vers son épaule où la même ombre apparaissait, puis vers le rond qui couvrait son plexus, avant de la reposer sur sa cuisse, en miroir de l'autre. That's why I really can't go to the hospital. Pour des brûlures normales il n'aurait pas hésité une seconde, mais là elles avaient une forme bien précise qui soulèverait bien trop de questions. Trop dangereux. À vrai dire il se serait sans doute débrouiller tout seul s'il avait pu, rester seul et encaisser ce qui s'était passé, en silence. Faire comme si de rien était, dans cette petite partie de sa vie qu'il gardait soigneusement cachée. Mais il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que c'était impossible, le moindre mouvement de ses bras tirant la peau et envoyant de nouvelles décharges de douleur.

The only way to do it is to wet the skin enough to unstick the fabric and pull it out of the wound. And given the location... I'll have to be in the shower... Ses dents qui s'entrechoquaient à chaque pause alors que le froid transperçait sa peau, pénétrait ses os, même si la cuisine avait été plus ou moins épargnée par le blizzard. Les tremblements dans ses mains, ses bras, le réflexe de les serrer autour de lui avant de grimacer de douleur. It means me in tee-shirt and underwear, while you drench me... Pas qu'il soit pudique, un corps n'était qu'un corps, mais ça n'était pas le cas de tout le monde. And then me in just my underwear, with big wounds, while you pull the fabric... No matter how painful it is, or me passing out... Parce que c'était aussi une possibilité, et Charlie devrait s'assurer aussi qu'il ne heurterait rien, quitte à le rattraper, alors qu'il était presque nu. Are you ok with that? You know, seeing another man almost naked and touching their skin, and that kind of stuff... Les yeux toujours rivés au sol, parce que c'était bien plus facile que de le regarder lui, plus simple de cacher tout le reste.

@Charlie Atkinson

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