once upon a dream // banita

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once upon a dream
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3h12 du matin.
lune obscure qui illumine les pas. pieds boueux, sales, écorchés. elle tourne sur elle même, tourne tourne tourne, pourrait presque s'envoler. toucher les étoiles. croquer dedans. la chemise de nuit est déchirée. elle a marché longtemps non, piétiné. plusieurs kilomètres dans un petit secteur. tourner en rond. ani est une aiguille sur un cadran qui refait inlassablement les mêmes gestes, les mêmes mouvements. elle court dans la nuit noire, court pour fuir les démons imaginaires, ceux logés dans sa tête. bien encrée dans sa caboche qui déborde. irrationnelle. émerveille. le coeur palpite et dézingue toute raison. elle tombe et retombe, chute et rechute comme un cheval à bascule qui avance et recule. les ombres des arbres sont des monstres. les crissements des oiseaux nocturnes sont des appels à la chasse pour elle, pauvre proie, pauvre biche à la merci des prédateurs. les chaussures sont abandonnés depuis de longues minutes au bord d'un sentier cabossés. elles étaient belles pourtant, mais maintenant sont devenues en-cas des montres. avant gout avant de se délecter de la chair abîmés de la gamine qui perd haleine à force de courir. les pieds saignes. les yeux voient flou, les larmes menacent.

toc toc toc toc toc
ça tambourine
TOC TOC

vision d'horreur qui se rapproche derrière elle. main géante, aiguisée, doigts crochus. dans la tête. tout est dans la tête. les cauchemars, terreurs nocturnes. dans la tête. ani, c'est dans la tête. le bras saigne. nouvelle écorchure voulu. marque de couteau encore récente. elle a tentée de chasser les méchants en se faisant mal. elle sait que c'est dans la tête. dans sa tête. la douleur aurait du aider à faire partir les formes.

- bael
- bael ouvre
- ouvre ouvre
- dors pas
- ouvre
- bael
- ouvre

murmure agités, désespérés. il n'a pas le temps d'ouvrir la porte en grand qu'elle s'y faufile, s'y réfugie. vint capturer le torse réconfortant pour y plaquer son corps. enrouler ses bras autours du cou du protecteur. serrer fort, presque l'étouffer. se rassurer.

- pardon
- il est tard
- je...
- désolée.

- mais j'ai vu des monstres
- je sais que c'est pas vrai
- mais ça l'était quand même.

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once upon a dream

Folie qui te ronge. crac crac crac, le bruit du bois, si vieux. crac crac crac, celui de tes doigts que tu ne cesses de tordre, dans tous les sens, de toute les secondes, impossible de rester patient, impossible de dormir. Animal dans ta cage de fer, tu tournes sans savoir que faire. Ville après ville, spectacle après spectacle, t’es rongé par le fait de rester. Immobile. Ne rien faire. Aucun sacrifice, aucune prestation, isolé de tous et de toi-même. Au plus profond. Tu te sens détaché, tu te sens lésé, âme à la dérive qui ne trouve repos alors qu’elle roule dans ses draps de soie. La lune te berce au même rythme que les vapeurs qui t’entourent, odeurs qui imprègnent ta peau, des soupirs, des songes, des merveilles de noirceur alors que la fatigue ne sait t’atteindre. Statue de cire dans les plus beaux mirages, de tes plus simples vêtements tu es habillé. Presque rien malgré la froideur ambiante, intouché, le sang polonais. Tu crèves de chaud. Tu bous. Intérieurement, les tripes à l’air, tu cogites et tu te décides. Efface-toi.

Ce sont finalement les pages qui roulent entre tes doigts alors que la queue d’Asmodée te caresse doucement les épaules. Une paix intérieure retrouvée, tu l’embrases le temps de cette soirée qui te crève. Le coeur, le corps, la tête. T’envies presque ceux qui s’enivrent de poison alcoolisé mais t’es incapable d’en faire de même, sage Bael, à lire pour occuper tes pensées. Mais au lieu des mots tu vois les éclaboussures, les festins, les rires de tes conjoints. La frénésie enivrante comme jamais rien ne pourrait l’être lorsque vous y plongez vos mains. T’as ce besoin. De Le satisfaire, d’être parfait, suppôt contre ton gré qui a mûri pour le servir. La main inconsciente caresse les sigils alors que l’autre repose l’objet de tes préoccupations. L’esprit ailleurs. Sur elle. Pas là mais t’as ce pressentiment, comme connecté à elle, à jamais. Deux jumeaux d’un autre monde. Ainsi te voilà droit comme un piquet à attendre sur le lit, les yeux qui guettent. Qui souffrent. Anita.

Sa voix. Tu bondis, tu te rues vers celle que tu ne vois pas encore. Mirage. Le vent s’immiscie avant elle et là voilà contre toi. C’est la signification de maison. Monstres. C’est vous les monstres. « Ani, ani. » le commencement, calme, doux, une invitation à prendre ses respirations sur toi. Calque-toi, Ani, tu inspires profondément contre elle, la serre, l’étouffe presque. Les montres, impossible d’en avoir peur alors que vous êtes les pires. Tu la laisses finir, tes doigts pareils à des griffes dans sa crinière. « Arrête de t’excuser. » t’es ferme comme ça, depuis le temps, elle sait qu’elle a sa place à tes côtés. Tu clos du bout de pied la porte, tu la rapproches de toi, comme si c’était possible. Deux gouttes d’eau. « Parle-moi, raconte-moi. Y avait rien, tu sais ? » C’est dans sa petite tête sur laquelle tu poses un baiser. Présence physique, tu bats celle fantomatique. « Tout va bien, Ani, tu n’as rien, tout va bien. » Frénétique comme le mouvement de tes mains contre son corps, tu la portes jusqu’à la couche où tu l’assoies, tes yeux désormais plantés dans les siens. « Y a plus rien. »

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d'abords y'a les mots qui résonnent. incompréhensibles. ils sont sourds, loins, presque absents. y'a que la chair qu'elle ressent, le torse contre lequel elle se blottie, voudrait entrer dedans pour s'enrouler dans la peau de bael à jamais. être protégée de cette manière, loin des monstres, dans un monstre. puis elle entend. parle moi raconte moi qu'il dit. elle tremble, incapable d'ouvrir la bouche maintenant qu'elle se sait en sécurité. impossible de raconter les histoires des monstres imaginaires qui la pourchasse dans le vide. parce que y'a rien. personne. aucune formes qui voudrait s'en prendre à elle. ani, elle le sait au fond. elle invente. elle imagine. son imagination prend le contrôle. ses peurs.

ploc
une goutte de sang qui s'éclate au sol
comme une bulle
ça coule de son bras

le baiser explose sur son crâne en millier de couleurs. la couleur remplit la caboche noire. elle visualise dans son esprit les touches de couleurs qui émanent des lèvres de bael, qui viennent percuter les ombres cachées dans les recoins de son cerveau décalé. ça fait du bien. c'est joli. elle aimerait qu'il soit le peintre de sa mélancolie, de sa détresse, de sa démence. maintenant assise sur la palette de couleur qu'est le lit, les yeux larmoyants dans ceux de bael. sa main agrippe celle du garçon. elle rentre ses ongles, fait mal sans le vouloir. sa main hurle ne me lâche pas, jamais.

- ils étaient là
- partout
- partout partout
- derrière moi
- devant
- dessus et dessous

- je crois que c'était un cauchemar
- et qu'ils sont sortis de ma tête
- pour venir dans le vrai monde
- c'est possible ?
- non ça ne l'est pas

soupire. silence.
ani, poupée cassée à la tête tourmentée.

- je peux dormir ici ?
- avec toi
- contre toi
- t'es comme un bouclier
- tu repousses les montres de ma tête.

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once upon a dream

Du mal à saisir les maux qui la prennent, qui l’entourent, ses frissons contre ta peau à vif. T’aimerais battre tous les démons qui la guettent, lui apprendre à dompter ces viles créatures de la nuit, celles qui la hantent, qu’elle invente. C’est sur ce point que vous êtes le plus diamétralement différents. Adouci que tu murmures de doux shhh pour la calmer, l’apaiser au plus profond, la plus profondément torturée. « Ani, tout va bien. » que tu répètes comme un mantra, une prière que tu lui fais, vénérée, Anita. « Dans ta tête. Pas autour, pas derrière, pas devant, ils n’existent pas. » t’es plus catégorique, enfant des ténèbres, la peur qui ne t’a jamais effleurée alors qu’elle semble terrifiée. Plus jamais, que tu te jures, que tu lui jures, tout en la serrant un peu plus contre toi. Tu te fais défenseur de la dame, les monstres que tu ne vois pas et que tu n'as jamais vus. Parce qu'ils doivent être vos amis, Satan, qui vous protège contre les plus terribles. T'as jamais douté de sa foi ni de la tienne, bons croyants, protégés contre ceux qui torturent et qui tuent. Le sang sur vos mains, sur les Siennes, sur celles qui semblent la poursuivre.

« Pas possible du tout, tu les inventes, dompte-les. » ton index glisse sur sa pâle peau, l’irrésistible envie de la goûter. Hémophilie cachée, sauf devant elle. Tu savoures son goût, sa substance, tu suces ses peurs par cette plaie ouverte. Tu la soigneras, la refermas, petit à petit avec tes mots et les plus beaux de tes gestes. « Tue-les. » que tu conclus en la fixant encore une fois parce que tu la sais capable de ça. Petite Anita deviendra grande, la plus brutale que tu aies jamais vue. Une bête insatiable comme tu l'as déjà connue, effrontée, entachée. La féroce, que t’apprécies, qui te ressemble, tu dévoiles tes dents en un sourire presque timide. « Toujours. » qu'elle pourra partager ton lit, même toutes les nuits elle le souhaitait. Toujours de la place, toujours ton accord.

Tu remets lentement une mèche de cheveux derrière son oreille, bouclier, insensible aux insanités. « T’es plus forte que tu le penses, que tu le crois. » que tu dis comme si ça lui insufflerait du courage. Toujours su, au fin fond de vous deux, elle en a vécu et elle a survécu. Doucement tu te laisses tomber contre le mur sans la lâcher, installé pour caler ton dos sans jamais la quitter, tes doigts qui se blanchissent sur les siens. « Qu’est-ce que tu aimerais faire ? » Comme si elle n’était jamais entrée telle une tornade et que vous deviez simplement vous occuper. Tu la préfères vive et joyeuse, ta boule lumineuse.

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dans la tête. tête tête tête. pas ailleurs. pas dehors. juste dedans. enfermés. ils n’existent pas que dit la voix qui ce veut sage. et il a raison. bael a toujours raison. s'il avait dit le contraire, que les monstres attendaient dehors, il aurait aussi eu raison. ani, elle ne fait confiance qu'à lui. il est le gourou de leur propre secte, elle est disciple fidèle et aveugle de ses paroles. gestes et mots qui offrent des frissons savoureux. l'index qui passe sur la blessure, le gout sur les lèvres de bael. les yeux d'ani incapables de s'en détourner. tue-les. y'a l'envie de sortir un poignard, de percer la poitrine du garçon pour voir le coeur, découvrir le palpitant et le serrer dans le creux des mains. le sentir battre, tout chaud, dans ses paumes. le garder comme un précieux. toujours contre elle. le coller à son propre palpitant. battre en rythme, en choeur.

- tu le penses ?
- que je suis forte
- c'est vrai ?

elle se sent puissante. pourrait se vêtir d'une cape et s'envoler dans les airs. se prendre les bourrasques dans la face, avant de dégringoler. de s'aplatir. d'embraser le sol.

le souffle se calme. les monstres partent dormir. les ténèbres la quittent pour faire de la place à la lumière. lorsqu'il se laisse glisser elle le regarde comme s'il dansait. bael, il est beau. et y'a un sourire qui perle sur le visage d'ani.

- je veux...
- hm

- je veux manger
- j'ai faim
- hyper faim
- comme si j'avais couru un marathon

ou couru une demie-heure dans la nuit pour échapper à des monstres imaginaires.

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once upon a dream

Mécanique hochement, évidence même de ce qu’elle te demande, te pose comme questions alors que tu serais prêt à le lui dire mille fois. Pas de refus possible, jamais que t’oserais, l’insulter d’une telle manière et lui dire qu’elle est faible. Parce que tu l’as vue, la faiblesse. Les insupportables pleurs aux lèvres tremblantes, terrifiants yeux, les demandes silencieuses de pardon, de grâce, jamais accordées puisqu’il est impensable de récompenser l'impuissance. « La plus forte, jamais connu plus forte. » tu l’enroules de tes pensées, essayes de la convaincre avec le sucre de ta voix, cordes de baryton, jamais soumise à toi mais t’as cette façon de contrôler. T’es comme Asmodée, le serpent qui roule autour de vos chevilles, il s’insinue entre vous, fait presque partie de votre duo. Perfide. Tu la contrôleras jamais. Alors que ça te pose aucun problème d’user de tes talents sur autrui. Pas sur Ani.

Je veux.. t’espère qu’elle dise ton nom, qu’elle te veut toi, que t’aies encore le temps de te barbouiller de son liquide de vie. Il roule sous ta langue tandis que tu ne la quittes pas des yeux. Jamais. Centre de ton univers, vital, t’entends tes pulsations, les siennes, t’aimerais entendre ses pensées, aussi. Déferlantes de mots, t’as même pas idée à quoi ça ressemble là-dedans et ça te dérangerait pas de t’y engouffrer.

« Mhhh, manger. » que tu répètes mollement. Rien dans le frigo. Pas de frigo, en fait. Le froncement de sourcils alors que tu te lèves en prenant soin de la laisser sur les couettes. « Je peux te proposer.. » le néant. Encore et toujours alors que t’imagines le grondement de son estomac. Tu glisses comme une goutte d’eau, invisible, lent, tes phalanges qui retiennent la lame de ton précieux que tu l'agites sous son nez. Une invitation, une libération, chasser dans les bois où vous serez chasseurs plutôt que gibiers. « Alors on va manger, beaucoup, beaucoup, mais.. » le bout du couteau indique la porte et ta moue l’accompagne, presque désolé de le lui infliger. « On va devoir aller en chercher. » En, la nourriture, les baies, les lapins. Tout ce que vous pourrez trouver plutôt que d’aller dévaliser vos provisions. Plus amusant.

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