[Halloween] Joyeux Halloween [ft. Keira]

Tu ne pouvais pas lui dire non. Tu avais beau aimé croire que tu t’étais endurcie, il semblerait qu’un simple cop de fil de la part de ton petit frère suffisait à te faire fondre. Ce n’était rien de bien méchant, après tout. Une petite fête d’halloween, pour se détendre, pour profiter des fêtes, se déconnecter le temps d’une soirée de la réalité oppressante que la quarantaine pouvait vous infliger. Un moyen de fuir l’obscurité, de fuir cette ombre qui plane au dessus de vos têtes comme un présage macabre, la fatalité qui vous pend au nez. Mais tu ne veux pas y penser, tu fermes les yeux, tu veux simplement enlever ce poids qui te pèse. ((La peur.))

L’image d’Ezra, enfant, flottant dans son vieux costume d’astronaute, faisait partie de tes souvenirs réconfortants. Ceux que tu chéris, ceux que tu invoques les soirs sans lune, perdue au fond de ton lit, la peau qui craquèle sous la peur des cauchemars éveillés. Le casque qui dodeline sur tes épaules. A droite, à gauche, à droite, à gauche. A en faire perdre la tête. ((Et toi qui ne le quitte pas des yeux.)). Halloween était la période où les monstres sortaient dans les rues sans avoir honte de leurs apparences. Et les humains les couvraient de louanges sucrées, sans se douter que les plus redoutables habitaient leurs foyers.

Ces derniers mois semblent avoir servi d’introduction à la saison des créatures, les météorites ont permis à certains et certaines de trouver leurs costumes des mois à l’avance. Et tu ne pensais pas à ces pauvres gens aux dérèglements cellulaires comme Ezra, ou Seth ou même toi. Tu pensais à ces hommes, ces femmes, aux moues dégoutés, qui dégainent leurs armes et leurs haines pour anéantir ceux et celles qu’ils considéraient comme leurs semblables hier encore. ((Et toi, ça te pèse.))

Le centre commerciale grouille de monde en cette période estivale, tes mains sont bien emmitouflées dans tes gants de cuir, éternel bouclier entre les êtres de chair et tes doigts assassins. Quand bien même tu maitrisais bien mieux ton pouvoir depuis ces quelques mois de dur labeur, la peur de te laisser submerger par la chaleur restait imprimé bien au centre de ton cerveau. Le visage souriant de ton frère détend tes muscles tendus, tu articules un tendre sourire en t’approchant d’Ezra. « Ce que tu peux être dramatique, parfois ... ». Un rire t’échappe. Il fallait croire que même durant ces temps de pression infernale, il arrivait à t’en arracher à la pelle. ((Des rires.)). Tu extirpes la liste transmise plus tôt par Ezra de ton sac, tes courtes mèches blondes, survolent le haut de ton front en de léger épis, tu les applatis rêveusement. « Je me suis occupée des bougies ce matin et-mais … Je rêve ou tu as mis “Bonbons” deux fois dans ta liste ? ». Et ton ricanement qui t’échappe de nouveau.