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 AND OTHERS WILL HEAL - QUIM

Al Glackin
Al Glackin
ILS SONT CEUX QUI CHANGERONT LE MONDE QUE L'ON CONNAÎT, D'UNE MANIÈRE OU D'UNE AUTRE.
mutant ? :

je suis arrivé(e) le : 11/09/2020
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pseudo : chloé (belacqua)
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crédits © : self; seth
multi-comptes : neide
âge : 65 ans
situation : vieux garçon
métier/étude : enquêteur de terrain pour les sceptics (bien que ce soit plus un hobby qu'autre chose), ancien garde pénitentiaire

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Sujet: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Dim 1 Nov - 23:33
Ce n'était pas (vraiment) comme dans les films. A vrai dire, rien n'est jamais comme dans les films, sinon quel intérêt. Qui perdrait son temps à visionner des heures durant des reflets parfaits de sa réalité ? Alors, non, ce n'était pas comme dans les films. Tout le monde avait l'air éteint, ça, c'était bien vrai. En revanche, ils ne se saluaient jamais à l'unisson. Chacun d'entre eux semblait faire un effort considérable pour oublier le prénom de l'autre, pour oublier qu'ils étaient de vraies personnes et risquaient de se croiser dehors à tout moment. Au travail. Dans le métro. En train de pisser, queue contre queue, dans la lumière pâle d'un réverbère.

L'horreur qui surgit sans prévenir alors qu'ils pensaient la compartimenter de façon efficace.

Au sein du cercle des hommes qui pensaient se taire à tout jamais Al Glackin n'a jamais réellement évoqué ce qui, concrètement, lui était arrivé. Il n'a pas les mots, mais il a la certitude, le sceau imprimé très loin dans son corps, encore fumant; un homme même dans sa satanée tombe a encore une main sur lui. Al a pensé à la brûler, la saccager, la profaner, briser chaque os de ce squelette de merde qui vient cliqueter dans ses rêves alors qu'ils sont séparés par un océan et une croute terrestre. Non. Dans le cercle des hommes dont la langue est encore liée, Al a parlé de l'alcool, de sa relation avec son ancienne compagne, du chômage, de la dépression, des trous de mémoire, de ses douleurs chroniques, de sa fatigue, de ses maux de gorge récurrents. Il parle de son oncle mais jamais de l'abîme : il évoque les cadeaux, les paroles, la confiance, les souvenirs brumeux.

Bizarrement, aujourd'hui, Al n'a rien dit. Il a décliné poliment. Parfois, il préfère écouter. Ici, même dans le silence, on se sent moins seul. Les mots ne pèsent rien et pourtant, ceux-ci sont insoutenables. Al ne sait pas s'il est terrifié ou soulagé de voir des petits jeunes à peine sortis de l'adolescence. Peut-être qu'ils s'en sortiront, eux, songe t-il avec résolution. Avoir été amnésique une bonne partie de sa vie ne l'a pas empêché de devenir un sacré raté... même si l'usage du mot sacré indiquait tout de même une certaine maîtrise dans le domaine.

Fin de partie. Ils rangent méthodiquement les chaises, dans une chorégraphie rassurante, ordonnée. Ils partagent un jus d'orange - pas d'alcool ni de cigarette autorisés dans la salle - en bavardant de sujets inintéressants mais tout à fait acceptables pour décompresser des échanges précédents. Al enfile sa veste et fait parti des derniers indécrottables à se barrer. C'est qu'il a réussi à s'faire des potes dans un tel contexte, le con.

La nuit attrape de ses bras éphémères un soleil rouge et jongle avec l'astre durant quelques secondes, avant de le cacher derrière un voile brumeux, à mi-chemin entre un vieux drap sale et la nuit noire. Une silhouette se détache sur ce fond en demi-teinte. Al allume une cigarette - dieu merci ! - avant de réaliser qu'il s'agit d'un des gamins qui viennent de s'inscrire. Un mois, peut-être ? L'a pas entendu parler une seule fois. Pourrait être muet qu'il serait pas surpris. Y'en a qui la ferment à jamais, après tout. Oreilles béantes et yeux pleureurs pour langues nouées.

- T'en veux une ? Cigarette ou offre de paix. Marché connu et apprécié par tous les pirates. T'sais petit je veux pas outrepasser mon rôle ou faire le vieux con. Mais au début, j'étais comme toi, la gueule comme ça - il fait mine de fermer une fermeture éclair récalcitrante -   mais bon, faut se rendre à l'évidence que ça aide pas du tout, même si crois moi j'aurais préféré... enfin bon. Si tu la veux pas, j'vais te laisser. A ce qu'il parait il y a des lumières étranges autour des frontières de la ville, moi j'suis prêt à te parier qu'il y a de la magouille gouvernementale à prendre en flagrant délit.
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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Lun 2 Nov - 23:01
@al glackin

Bras croisés sur le torse, jambes repliées sous la chaise, les yeux qui se ferment d'eux-même ; t'es pas le type le plus alerte au monde, y'a ta tête qui s'affaisse avec une lenteur extrême, tantôt de côté, tantôt en avant, parfois assez brusquement pour te réveiller en sursaut, mais le plus souvent, tu grappilles çà et là quelques minutes de sommeil. Ces temps-là, tu ne les vois pas comme des temps de parole. C'est plus de la sieste imposée, de celle qu'on vous force à faire quand vous êtes gamins. Et t'as beau beugler comme quand t'étais gosse quand c'est l'heure d'y aller, c'est vrai que ça te fait du bien. De dormir, pas de parler, bien sûr. De pouvoir souffler un peu, sans avoir à être trop attentif à ce qu'il se passe autour. C'est pas ici qu'on te réveillera d'un coup de pied dans les côtes, alors, t'en profites. T'es bercé par le débit de parole de quelques participants, leur ton larmoyant et traînant, les sanglots qui parfois viennent ponctuer le récit, le rythmer comme si on te racontait une histoire avant de te coucher. À cela s'ajoute la chaleur de la pièce et ton estomac en pleine digestion, qui efface franchement l'inconfort de ta position ou de cette foutue chaise. Un canapé serait la bienvenue.

Tu t'endors.

C'est la voix d'un de tes voisins qui te réveille. Tu rouvres péniblement les paupières, bailles sans la moindre discrétion, avant de remarquer le regard désapprobateur de la femme qui distribue le temps de parole ce jour-là. Tu pinces les lèvres pour signifier que t'es désolé ((tu l'es pas)) et te redresses un peu dans ta chaise. T'as pas envie d'écouter les histoires dramatiques des autres et t'as pas envie de parler de la tienne ((qui n'a franchement pas grand-chose de terrible en comparaison de certains)). Comment passer à autre chose si on vous impose de pareilles réunions ? Ça aide pas franchement à oublier. Et toi t'es comme une poignée d'autre. T'as envie d'oublier. Et t'y arrives, à ta manière. Même si ton voisin de palier s'y est mis récemment ((tu l'as pas rêvé, y'a bien un prospectus pour les Alcooliques anonymes dans ta boîte aux lettres)) Tu soupires. Ils te feront pas parler. Pas de lui, pas de ta maladie. Ça les regarde franchement pas. C'est pas que t'abordes pas le sujet, avec un coup dans le pif tu deviens insupportable avec ça; c'est simplement que c'est pas le cadre rêvé, pas à ces inconnus à deux balles que t'as envie de te confier. T'as pas envie de te confier.

Alors t'écoutes d'une oreille distraite. Ce type qui parle de sa femme, celui-ci qui parle de sa dépression, cet autre qui mentionne son fémur endommagé. Et chaque mot qui s'échappe de leurs lèvres te donne la sensation de ne pas être à ta place. T'es un alien dans ce cercle. Un alien qui ne sait pas quoi dire. Un alien avec un reste de coquard sur la tronche et la pommette encore rougie par la violence perpétuelle. Alors quand c'est ton tour, tu hausses les épaules et tu les laisses interpréter. La femme, elle est contente, elle dit que c'est vrai, qu'il est difficile de ressentir la peine. Toi, tu dodelines de la tête, comme si tu voulais en venir exactement à ce point, alors que c'est pas totalement vrai. Et puis, après d'interminables minutes, la grande aiguille marque la fin de la séance. T'es dans les premiers à bondir sur tes pieds, le premier à remballer ta chaise, mais t'es retenu par celui qui était assis à côté de toi. Il a envie de parler ce con — Carl ? Cameron ? quelque chose comme ça — mais t'es pas l'oreille la plus attentive qui soit. Alors tu trépignes, ne comptes plus les verres de jus que tu le vois descendre sous tes yeux. Il dit qu'il a une fille, qu'il te la présentera, ça te fait marrer, rire jaune, mais tu t'es promis qu'entre ces murs, t'enverrais personne chier. Alors tu déconnes, éclats de rires appuyés pour en finir au plus vite; et quand il se détourne enfin, trouve des amis dans les derniers présents, tu saisis ton blouson et tu disparais dans la rue.

Le soleil disparaît déjà à l'horizon quand tu t'extirpes de cet enfer. Il te faut inspirer profondément pour te remettre de ces heures perdues, pour reprendre la route du retour en tâtant tes poches en quête d'un reste de cigarette ((ces mégots entamés que tu réutilises sans arrêt)) T'en veux une ? Tu sursautes presque en l'entendant, et ta gueule aux yeux surpris pivote vers le grand-père à tes côtés. T'exagères; il est pas si vieux. Sa trogne t'est familière, il est assis en général en diagonale de toi. T'as repéré sa barbe et les poils blancs sur le cailloux. T'as l’œil qui glisse à la clope, puis à son visage et t'esquisses une de ces moues étonnées, qui donnent à ta gueule un air de chiot perdu. Sympa Tu souris pas, mais t'apprécies le geste, tu esquisses un geste pour la saisir, mais te figes lorsqu'il reprend. T'sais petit Petit. Ça te fait sourire. je veux pas outrepasser mon rôle ou faire le vieux con. Trop tard. Que tu dis en laissant mollement ton bras retomber. Mais t'as le ton léger, taquin, alors que tu lui jettes un regard en coin. Mais au début, j'étais comme toi, la gueule comme ça. Mais bon, faut se rendre à l'évidence que ça aide pas du tout, même si crois moi j'aurais préféré... Tu arques un sourcil, surpris de cette leçon de morale venue de nulle part, et tu le dévisages en silence.

C'est pas souvent, qu'on s'intéresse à toi. Enfin bon. Si tu la veux pas, j'vais te laisser. A ce qu'il parait il y a des lumières étranges autour des frontières de la ville, moi j'suis prêt à te parier qu'il y a de la magouille gouvernementale à prendre en flagrant délit. Et même s'il est bizarre et que t'as aucune putain d'idée de ce qu'il raconte, tu t'empares de la cigarette d'un geste vif et tu la glisses entre tes lèvres. J'ai pas dit qu'j'la voulais pas papy Du fond de ta poche, tu sors ton briquet et tu gardes la gueule baissée en l'allumant; t'espères qu'il fera pas une fixette sur les bleus qui constellent ton visage. C'est ironique, dans ce genre de réunion. C'est quoi, d'jà, ton nom ? Que tu demandes finalement en relevant la trogne et en l'observant, la fumée s'échappant vers le ciel entre tes lippes entrouvertes. Tu fais pas semblant de le connaître, t'en sais rien.

Al Glackin
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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Sam 7 Nov - 18:48
Il a toujours le cafard après ces réunions. D’ailleurs, pourquoi on dit le cafard ? Le sentiment qui le prenait à la gorge, Al aurait plutôt tendance à le personnifier comme une nuée d’insectes mortifères et nécrophages, autophages même. Cannibalisme sentimental qui faisait grossir le plus mauvais, le plus méchant, insecte puant, nuisible qui tissait sa toile dans le corps de son hôte. Un seul cafard, c’était pas assez. Plutôt des centaines, des milliers, qui pillaient corps et esprit, coeur et âme, jusqu’à ce que la moindre once de volonté soit mâchée et régurgitée et digérée par les sucs acides de ces créatures sans foi ni loi.

Pourtant il était bien vrai que depuis quelques mois, Al pouvait aisément visualiser le gros cafard bien gras, au corps ébène et huileux, à l’envers comme l’endroit, qui répandait autour de lui l’odeur insoutenable du bourdon hostile à la vie. Néanmoins, il lui suffisait de taper du pied pour que le cafard aille se réfugier dans des forteresses mentales auxquelles Al n’avait pas encore la force de s’attaquer. Le temps viendrait. Il pouvait cependant s’estimer heureux de ne plus être tenu en laisse.

Mais la laisse sera toujours là; il avait beau mourir d’envie de la réduire en charpie, elle serait toujours là, intacte. Reposant en plein cœur de sa mémoire, coup de griffe incestueux qui avait laissé une plaie qui jamais n’était à cours de sang. Al Glackin observe la nuit couler sur les immeubles au loin et se dit que c'est tout de même un beau spectacle : les peaux prennent une teinte marbrée, grisâtre, qui fait presque oublier le camaïeu qui recouvre habilement le visage du gosse. Pourpre autour de l'œil gauche, vert clair sur la pommette, noir sur la mâchoire.  Peu importe qui l'avait passé à tabac, on ne l'avait pas raté. Al était habitué aux bastons de bar, aux affrontements incontrôlables entre ivrognes indécrottables, alors un tel spectacle le laissait plus ou moins de marbre.

- Papy t'exagère. J'suis pas si vieux... tu me donnes quel âge ? Si tu donnes un âge supérieur au mien, j'me barre et j'récupère ma clope, menace t-il avec un sourire qui pend dans sa barbe de Papa Noël, tout de même un peu vexé par le surnom.

Il enclenche son briquet et manque de se brûler une touffe de poils argentés.

- Al. Al tout court. Et oui, j'suis un peu un vieux con, je retire ce que j'ai dit. Mais faut nous pardonner, à nous, les "vieux cons". On voit des jeunes, c'est comme nous refléter dans un miroir qui t'fait repartir en arrière. Et toi ? Tu restes anonymes ? T'as un pseudo ? Ou t'as un vrai prénom ?

Dans sa bouche d'homme qui n'a plus l'temps, de simples présentations se transforment en tirades. Al n'a plus le temps et surtout, a passé l'âge d'avoir des regrets. Alors, il balance tout ce qui lui passe par la tête.  
@Quim Burrow
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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Dim 8 Nov - 22:48
@al glackin

Tu ne pensais pas t'éterniser après autant de minutes passées le cul vissé à la même putain de chaise. Tu espérais pouvoir t'éclipser en vitesse, retourner vaquer à tes occupations si prenantes. Dans ta misérable solitude, en tête à tête avec les vapeurs de peinture et de drogue. Silence dans ton esprit. Au fond, c'est sans doute pas plus mal, qu'il te soit tombé dessus celui-ci. À sa façon, il t'évite un début de soirée bien morose, à chercher une dose dans les quartiers de la bratva, en finissant un fond de bouteille tiédasse. Ou il ralentit le temps, repousse l'inévitable. Tu sais pas trop quoi en penser, tu préfères ne simplement pas y réfléchir et te laisser porter par ses brefs regards, son débit de parole incertain. Papy t'exagère. J'suis pas si vieux… Quand même que t'as envie de rétorquer, mais tu t'abstiens. T'as l'air d'un gamin, et t'en joues, t'es clairement pas bien placé pour critiquer son âge. tu me donnes quel âge ? Ou pour l'évaluer, d'ailleurs. Si tu donnes un âge supérieur au mien, j'me barre et j'récupère ma clope Tu grimaces, mouvement négatif de la tête. J'préfère pas m'y risquer et comme pour appuyer tes dires, la clope que tu glisses à ta bouche, comme pour signifier que, de toute façon, tu refuserais de la lui redonner.

La flamme de son briquet manque de consumer sa barbe; tu fais les yeux ronds, partagé entre l'envie de rire et celle de fuir l'OVNI qui vient de se crasher devant toi. Ce type vient clairement d'une autre planète ((ou d'un autre temps ?)) T'espères qu'ils sont pas tous comme ça dans le lot, sinon, t'y survivras pas. Al. Al tout court. Enchanté, Al-tout-court Que tu murmures avec un sérieux terrible, emprunt pourtant de sympathie, pour le curieux personnage qui s'esquisse devant toi. Et oui, j'suis un peu un vieux con, je retire ce que j'ai dit. Haussement d'épaules, excentrique peut-être, vieux con reste à prouver. Mais faut nous pardonner, à nous, les "vieux cons". On voit des jeunes, c'est comme nous refléter dans un miroir qui t'fait repartir en arrière T'as aucune putain d'idée de ce qu'il raconte, mais tu portes la cigarette à tes lèvres et tu tires dessus d'un air absorbé. Sûrement que si tu prenais le temps d'y réfléchir, t'acquiescerait. Il doit avoir raison. Mais le sujet ne te passionne pas assez. T'entrouvres les lippes pour répondre pourtant, lorsqu'il reprend, pour mieux t'assommer. Et toi? Tu restes anonymes? T'as un pseudo? Ou t'as un vrai prénom?

Trop de questions. Un sourire. J'ai pas dit qu't'étais un vieux con Juste un grand-père, sympa comme tout, tu veux bien l'admettre. Il t'amuse, le père Noël, il t'amuse terriblement, alors tu lui réponds dans un vague mouvement de menton, la cigarette coincée entre deux doigts. Quim. Pas Quim tout court. Normal'ment. mais tout l'monde m'appelle Quim et c'mieux comme ça. Articulé sur le même ton que lui a employé, comme si tes propos étaient terriblement sérieux, un vrai sujet à discuter, matière à disserter. Alors qu'il n'en est rien, ton identité n'est pas franchement le truc le plus intéressant au monde. Et ton anonymat, tu t'en balances, dans ce genre de situation. T'as rien à cacher à ces types là, t'es un mec lambda comme un autre, un paumé noyé dans la foule des victimes de la vie. C'est bien ça, le but des réunions non ?  T'éloignes la clope de ton visage, souffle la fumée de côté, pour lui éviter le nuage toxique en pleine face ((quoique, si on en croit certains médias, c'est pas si mauvais que ça)) et t'amorces un mouvement pour lui tendre l'autre main. Mais tu l'arrêtes en plein vol, et glisses finalement tes doigts dans ta poche. Vaut mieux éviter, tu sais pas comment ton don pourrait réagir. Le regard qui descend sur tes pieds, les cendres que tu fais virevolter sur le béton d'un bref tapotement d'index. Ça fait longtemps qu'tu t'fais lobotomiser là-dedans ? Un mouvement de trogne pour désigner le bâtiment. Il voulait en parler, alors t'es prêt à l'écouter. Avec un peu de chance, il posera pas trop de question sur ta personne. ((c'est beau, d'espérer))

Al Glackin
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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Ven 27 Nov - 16:57


Habituellement, Al retarde au maximum le moment de quitter ses compagnons d’infortune. Car une fois les « au revoir » et les « on devrait s’boire une bière un de ces quatre » échangés, l’homme se retrouve face à ses pensées invasives. Ses pensées, ou plutôt un marasme, un marécage, un magma où il s’empêtre bêtement, ou il ressasse les mots qu’il a prononcés et ceux qu’il n’a pas osé avouer. Proie abandonnée à la pitié arachnoïde, il gigote dans une toile cousue de souvenirs, des faux et des vrais, de sensations-boucliers, étouffé par sa seconde peau blindée qui l’a protégé mais aussi empêché de respirer. Al-tout-court mais pourtant il est grand savoure sa cigarette : l’or du commun n’est-il pas délicieux ? Petite ou grande mort les circonstances lui ont toujours été égales, tel un chat à neuf queues elle l’a toujours refoulé à l’entrée de son club VIP. La pétasse. Il devait se faire à l’idée qu’elle viendrait le chercher en agitant le drapeau blanc et que tout se ferait sans explosions ou grand moment climatique qui marquerait les esprits.

- Meh... petit joueur... toi ça s'voit t'as jamais fait de poker ou de black jack, se lamente Al en secouant la tête.

Al jouait assez régulièrement. Il était assez malin pour miser des petites sommes et bizarrement, était assez raisonnable pour se lever de table quand les choses tournaient mal. Quand il était vraiment à sec, il organisait des parties de drink poker avec Robert et les copains : au lieu de parier une chemise qui tombe au sol, on parie un nombre de shots. Digne d'une fête étudiante, mais sympathique. L'gamin lui retourne ses politesses avec un sérieux qui ferait rougir plus d'une grand-mère, Al se demande s'il est toujours aussi ampoulé, ou s'il ne rencontre personne dans sa vie de petite jeune boudeur.

- C'est vrai, les mots sont pas sortis de ta bouche, je te l'accorde. Mais tu l'as pensé très fort, se moque gentiment Al en recrachant un nuage de fumée.

Il était habitué à ce qu'on le prenne pour un gentil couillon et le rôle lui plaisait à ravir. Passé un certain âge, il valait mieux surprendre et même choquer pour qu'on vous accorde plus de cinq minutes. Les dates de péremption étaient impitoyables, surtout lorsqu'elles étaient écritures en caractères gras et carmins, accompagnés d'une réduction alléchante qui en appelait à l'urgence.

- Ok, Quim-normalement-pas-tout-court-mais-c'est-mieux-court-pour-une-raison-mystérieuse, enchanté.

Al trouvait que l'on donnait foncièrement trop d'importance aux prénoms. Quelle importance, au final ? Un énième apparat que l'on pouvait changer, étirer, assouplir, révéler ou cacher : Quim aurait pu lui dire qu'il se nommait Léopold, il n'en aurait eu cure. Ici, nombreux étaient ceux qui déformaient légèrement leur anonymat : honte et gêne faisaient naître un besoin d'anonymat chez ces hommes qui se révélaient parfois pour la première fois.

- Lobotomisé ? Il éclate de rire, un rire gras et bruyant qui fait tourner quelques têtes. Ben dis donc, t'es pas l'dernier pour exagérer. Tu sais, Denise, la dame qui distribue les tours de parole, est à cheval sur les règles, mais elle fait de son mieux. Et pis, elle prépare de supers quiches une fois par mois.


Il fait une pause, car à vrai dire, il est quasiment certain que Quim se fiche des talents culinaires de la bonne Denise comme de premier slip. Elle est un peu âgé pour lui, en plus. Et trop jeune pour Al.

- Plus sérieusement... ça doit faire un an ? Un peu plus ? Tu sais, si le groupe ne te convient vraiment pas, il ne faut pas te forcer à venir. Moi, ça marche bien, mais chez d'autres personnes, ça n'aide en rien. Il y a d'autres chemins vers le bien-être... Mais bon. Les quiches de Denise. J'ai été chez les Alcoolos Anonymes aussi. Mais le fond du souci n'est vraiment pas dans ma bouteille de pinard, ajoute t-il avec un sourire amusé, suffisamment habitué à vivre avec ses dépendances pour en rire un tout petit peu.  


@Quim Burrow
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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Dim 6 Déc - 11:12
@al glackin

Meh... petit joueur… Un haussement de sourcils, la mine presque amusée qui l'accompagne. Presque, faut pas déconner. toi ça s'voit t'as jamais fait de poker ou de black jack. Haussement d'épaules en guise de réponse, un air désabusé, presque las en permanence greffé sur tes paupières. C'est vrai que t'as jamais joué à ces conneries, t'as pas besoin de ça pour te faire plumer ((et pour ne rien arranger, tu seras du genre à tricher)). Mais t'es sûr de toi quand tu te dis qu'à ces jeux-là, tu serais pas si mauvais que ça ; t'as l'habitude, de mentir, c'est même une seconde nature en vérité. Si tu le voulais, tu pourrais t'y mettre. Et à cela s'ajoute sans aucun doute ta gueule de chiot battu, pour le moins inexpressive, qui en tromperait plus d'un. Parce que c'est ça, le truc, Quim. T'as l’œil vif, mais une capacité terrible à rester sérieux, stoïque. Détaché. Comme si tout ce qui t'entourait ne t'intéressait pas, la pesante sensation d'être spectateur de ta propre vie qui revient sans arrêt. De se laisser bouffer par l'inaction et, plus fort encore, le manque de sensations. Double peine pour l'absence de douleur. C'est sans doute pour ça, qu'alors que tu fumes ta clope en sa compagnie, tu donnes l'impression d'être ailleurs, quoiqu'il parvienne à t'arracher quelques sourires.

C'est pas le cas pourtant, t'es plutôt détendu, alerte, t'as même la curieuse sensation d'être en sécurité. Comme si t'étais accompagné de ton oncle un peu cinglé, celui qui a toujours de nouvelles histoires à raconter. Celui qui parle de ses voyages imaginaires quand le lieu le plus éloigné où il a pu aller, c'est le bar au bout de la rue. Tu le couves de ce regard intéressé, curieux, regard d'enfant. C'est vrai, les mots sont pas sortis de ta bouche, je te l'accorde. Mais tu l'as pensé très fort Une esquisse de sourire effacé par la cigarette entre tes lippes, ta façon de plisser les yeux, à peine, en détournant le regard pour observer la rue. ((Faut pas lui en vouloir pour ça, Al, y'a pas d'âge, pour être un vieux con ; et y'a que ça dans sa vie, au pauvre gosse)) Ok, Quim-normalement-pas-tout-court-mais-c'est-mieux-court-pour-une-raison-mystérieuse, enchanté. Et cette fois, c'est un ricanement, alors que tu souffles la fumée vers le ciel. C'est pas mieux, c'est comme ça, sans trop d'explications.

Lobotomisé ? Tu t'attends, à ce qu'il ait un rire de ce genre. Le rire d'une personne en révèle beaucoup, sur sa personnalité. Le sien sonne comme celui d'un joyeux luron, de ces rires de bar qui font sursauter les clients, trop forts, trop francs. Mais tellement chaleureux. C'est contagieux, te voilà en train de baisser un instant le nez vers tes pieds pour dissimuler cet air amusé sur ta gueule. Ben dis donc, t'es pas l'dernier pour exagérer. C'est ce que Stan dit de toi, aussi. Arrête ton cinéma, Quim, arrête ton théâtre. Arrête de te tordre de douleur dans la caillasse quand on sait que tu ressens pas la moitié de ce que tu prétends. Tu sais, Denise, la dame qui distribue les tours de parole, est à cheval sur les règles, mais elle fait de son mieux. La moue se fait dubitative, les lèvres se pincent dans une expression accusatrice. Un instant, tu la soupçonnes de l'avoir envoyé pour t'amadouer. Mais avec un peu de recul, t'es à peu près certain que ça lui viendrait pas à l'idée. Elle est gentille, sûrement pas assez manipulatrice ou calculatrice pour ça. Et pis, elle prépare de supers quiches une fois par mois. Et elle fait des quiches, un indice supplémentaire sur son incapacité à nuire aux autres ((les méchants, dans les films, ils font jamais de quiche non ?))

Mouais. T'as pas d'autre mot pour résumer le fond de ta pensée, que ce mouais sans queue ni tête. C'est pas de ta faute, si t'y crois moyen à ces conneries de cercle de parole. Pas que t'aies quelque chose contre eux, mais t'aimes à penser qu'il serait plus facile de se confier à quelqu'un que tu connais, plutôt qu'à de parfaits étrangers. Le fait est que t'as personne. Plus sérieusement... ça doit faire un an ? Un peu plus ? Joli score La cigarette à nouveau à tes lèvres. Il parle tellement que t'as déjà pu bien l'entamer. Tu sais, si le groupe ne te convient vraiment pas, il ne faut pas te forcer à venir. Tu te demandes un instant s'il est en train de te foutre dehors ou s'il s'agit juste d'un conseil qui se veut avisé. Moi, ça marche bien, mais chez d'autres personnes, ça n'aide en rien. Tu le dévisages avec attention. T'es à peu près certain qu'il n'a rien dit, aujourd'hui ((ou alors c'était pendant que tu dormais)), alors, quand t'essaies de deviner son histoire, son trauma, y'a rien qui te vient. Qu'est-ce qu'un type comme lui à pu subir pour en arriver là à cet âge ? La vie est sûrement mal foutue ((y'a pas d'âge pour souffrir tu sais)) Il y a d'autres chemins vers le bien-être… Sourire, chargé d'amertume. La drogue et la bouteille sont des voies détournées, familières. Mais bon. Les quiches de Denise. Hâte d'y goûter Qui sait, c'est peut-être un passage secret ?

J'ai été chez les Alcoolos Anonymes aussi. Mais le fond du souci n'est vraiment pas dans ma bouteille de pinard Et cette fois, tu ris, franchement, en virant un peu de cendre de ton mégot. Mon voisin essaie d'me faire passer un message à c'sujet. Il glisse des flyers des AA sous ma porte, presque tous les jours maint'nant. 'Doit en avoir marre que j'me trompe de porte. T'as une façon d'en parler si légère, si amusée, qu'on pourrait croire à une vaste blague. Sauf qu'il y a rien de drôle là-dedans. Y'a rien de drôle dans le fait de revenir tous les soirs bourré et la gueule constellée de bleus. Y'a que toi que ça fait marrer. C'est jamais l'alcool le soucis au fond, y'a pas de soucis d'ailleurs. Tout va pour le mieux. J'vais laisser une chance aux quiches De toute façon, t'as pas vraiment le choix. Mais c'tant mieux, si ça t'aide, j'imagine.

((Depuis quand tu t'intéresses aux autres ?))

Al Glackin
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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Jeu 10 Déc - 13:33



Al s’éparpille en monologues, paroles jamais pliées jamais domptées jamais réfléchies, l’vieux même jeune n’a jamais fait dans l’économie, il a toujours donné donné même lorsqu’il était dépouillé, donné donné donné jusqu’à arracher ce qu’il avait de plus profond de plus intime de plus honteux : cœur à poil, viril effeuillage sentimental. Il s’en branle d’avoir l’air d’un vieux zinzin, d’un taré sur le point de passer l’arme à droite (car même crever il fera à l’envers c’est certain), d’un communiste-complotiste-catastrophiste ou d’un chômeur proto-descolarisé.

Ah Denise, douce Denise… Al avait bien essayé de lui tirer les vers du nez – histoire de savoir quelle tragédie l’avait poussée à monter un groupe de parole et à se coltiner une fois par semaine les complaintes d’une bande de vieux garçons chiffons fripons poupons avec leurs grosses larmes salées et leurs vies de merde, comment ça avait pu lui venir en tête, comme aspiration, hein ? Pis Denise elle avait cette façon d’acquiescer, de glisser sa main dans la votre, de se rappeler de tous les détails sans jamais prendre de détails, à croire que tout ce désespoir la maintenait, aussi terrible que cela puisse paraître, en vie.

Al était intimement persuadé que d’une façon ou d’une autre, elle se retrouvait dans ces trajectoires avortées, dans ces voies sans issues, dans ces vies-poubelles.

- Non seulement t’y goûteras, mais t’en reprendras.. Ah làlà, elle popote comme mon ex-femme… Entre nous, je suis certain qu’elle a un petit faible pour moi. Mais bon, j’lui ai dit, je suis trop vieux pour elle. Il lui faut un petit jeune… Bon pas trop jeune. Toi tu serais trop jeune, sans doute. Tu vois, entre toi et moi. Cela lui fait une belle marge, cela dit, si elle se trouvait un copain, ptet qu’elle nous ferait plus d’quiches, alors ça ça serait vraiment bête...

C'était sûr que Denise avait envie qu'il l'invite à un truc sérieux, pas un whisky ou à une chasse au martien, Al avait une preuve formelle : ses parts de quiches étaient toujours plus grosses que celles des autres. Cela dit, la pauvre Denise méritait mieux qu'un chômeur grabataire dans son genre.

- Bon. En tous cas, si jamais tu décides de pas te pointer la prochaine fois, écris un mot à cette pauvre Denise. C’est qu’on sait jamais si les mecs arrêtent de venir ou s’ils se sont… tu sais… couic, quoi.

Après avoir simulé un égorgement, Al jette un coup d’oeil très sérieux à la montre que lui avait offert sa femme et qui avait cessé de fonctionner en 1978 très exactement.

- Merde. L’heure des martiens est passé d’après l’planning. Fait chier… C’est que j’irais bien me descendre un tit doigt de whisky du coup. Tu veux v’nir ? D’après ce que tu dis à propos de ton voisin t’es pas à ça près.

L’écho des moi des toi des vous des nous et y’a les propos surréalistes d’Al qui sont ancrés dans le sol et dans la terre et dans le réel avec le solennel de son ton et les mots dramatiques du gamin qui planent entre ses dents, à peine crachés, à peine assumés, débités sur un ton léger, si léger qu’ils menacent de s’envoler de s’oublier de se saboter, pourtant Glackin entend la détresse : il la connaît, cette détresse qui l’a glué en lui même, qui lui a collé au corps, au cœur, comme un miroir abyssal où son reflet n’était qu’un doppelgänger malfaisant qui n’avait qu’une envie, l’avaler tout entier.



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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Dim 20 Déc - 12:36
@al glackin

Y'a quelque chose de foutrement agréable, chez l'autre. Sa façon de causer ou sa légèreté affichée ((malgré sa silhouette plutôt massive à bien y regarder)). Sûrement qu'il représente tout ce que tu seras dans quelques années. Une espèce de vieux cinglé qui raconte de super histoires aux gens qu'il croise dans la rue. Des histoires de quiche et de Denise. Est-ce que ça te plairait, de finir comme ça ? En tout cas, ça ne te dérangerait pas. Il a pas l'air malheureux, le vieux bougre, en manque d'oreille attentive, peut-être, mais pas franchement dépressif. La face cachée de l'iceberg, celle qu'il accepte de dévoiler au monde. Vous êtes tous les mêmes au fond, à dissimuler sous un trop-plein de tout vos quelques riens. La vérité, c'est que tu finiras pas comme lui. T'atteindras jamais cet âge-là, tu crèveras avant. Alors à quoi bon y songer. Non seulement t’y goûteras, mais t’en reprendras. et le voilà reparti dans ce qui s'annonce être un monologue bancal. Il se perdra à coup sûr dans ses mots et dans ses phrases et toi, t'essaieras de suivre le rythme ; t'y arriveras, sans doute, c'est comme se regarder dans un miroir, essayer de suivre le fil de ses propres pensées chaotiques. T'as pas peur de Al-le-fou, t'es même plutôt attiré comme une putain de mouche sur un lampadaire. Ah làlà, elle popote comme mon ex-femme… Et toi de rire, doucement, allers-retours incessants, clope, sourire, battement de cils, clope. Denise. Tu l'imagines pas avec un type comme lui. Tu l'imagines pas tout court, en fait, tu l'as pas assez regardée pour ça. Pas que tu t'en foutes, mais un peu quand même malgré ce que t'en dis. T'as pas l'intention de rester longtemps dans ce bordel, pas si t'y trouves pas ton compte. Et par là, t'entends une bonne raison. Tu doutes pas des talents de Denise, mais t'es à peu près certain que ses quiches, quoiqu'à tomber, ne t'aideront pas à supporter éternellement les malheurs de tes pairs. Entre nous, je suis certain qu’elle a un petit faible pour moi. Probablement Mais bon, j’lui ai dit, je suis trop vieux pour elle. Il lui faut un petit jeune… Ça te fait marrer, de songer que le râteau vient de lui et non d'elle. T'y crois pas une seule seconde, mais tu préfères te taire, garder aux lèvres ce soupçon de sourire sans remettre en doute son débit de parole. Bon pas trop jeune. Toi tu serais trop jeune, sans doute. Ouais, sans doute Tu vois, entre toi et moi. Mais sûrement que la Denise, toi, tu la préfèrerais un peu plus virile. Cela lui fait une belle marge Le mégot est terminé, s'écrase sous ton talon à même le béton. Cela dit, si elle se trouvait un copain, ptet qu’elle nous ferait plus d’quiches, alors ça ça serait vraiment bête… P't'êt' qu'elle en a d'jà un et que tu l'sais pas ? Ou p't'êt' qu'elle voit une nana et qu'c'est elle, qui lui dit de t'faire des quiches. Que tu balances l'air de rien, sans avoir l'air de douter de lui, plutôt à te faire l'avocat du diable, balancer des hypothèses sans fondement.

Bon. En tous cas, si jamais tu décides de pas te pointer la prochaine fois, écris un mot à cette pauvre Denise. Ton pied qui frotte le trottoir, aplatit un peu plus la cigarette sur le goudron, vieille trace noire de tabac laissée dans son sillon. C'est pas ton genre, de prévenir. T'es plutôt de ceux qui disparaissent sans un mot. C’est qu’on sait jamais si les mecs arrêtent de venir ou s’ils se sont… tu sais… couic, quoi. Tes yeux qui se relèvent vers lui, croisent une seconde tout au plus son regard, suffisant pour que l'évidence le frappe et toi avec. Ça serait tout à fait ton genre. Ça serait tout à fait toi. Pas parce que tu te serais flingué, t'es pas assez malin pour décider d'en finir avant de trop en chier, mais parce que ton corps sera en train de moisir dans le caniveau. Défiguré par les coups, une aiguille dans le bras ou un cadavre de bouteille à côté de toi. Qui sait ce que t'auras tiré au sort le moment venu. J'y pens'rai Dans un souffle. Tu tiendras pas ta promesse. Tu les tiens jamais ou presque. Même pour les beaux yeux de Denise. Merde. L’heure des martiens est passé d’après l’planning. Fait chier… Tu comprends rien à ce qu'il raconte. Et t'es pas certain qu'elle fasse tic-tac, sa montre. C’est que j’irais bien me descendre un tit doigt de whisky du coup. Sûrement le moment de prendre congé, jusqu'à la prochaine réunion. Tu veux v’nir ? D’après ce que tu dis à propos de ton voisin t’es pas à ça près. T'as ce haussement d'épaules, pas de sourire sur ta gueule et pourtant pas l'air inquiet ou consterné. T'es juste particulièrement détaché. Vas-y. Tu m'invites ? C'est que t'as pas de quoi payer. Les mains qui gagnent tes poches et sur la gueule, cette mine de chien battu, accentuée par la constellation de douleur qui forme sur ton visage comme des peintures de guerre. Ça m'changera de la vodka en solitaire, s't'as pas peur de m'ramasser à la sortie. En dodelinant de la trogne, la détresse et le drame sous couvert de plaisanterie. T'inquiète, j'sais être sage C'est qu'il se tiendra bien, s'il n'est pas seul. Il aime à le croire, du moins.

Al Glackin
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Sujet: Re: AND OTHERS WILL HEAL - QUIM :: Sam 6 Mar - 19:49
Routine autosatisfaisante qui est la suivante : parler, s'écouter parler, mécanisme complexe crûment irrigué par les paroles succinctes de son interlocuteur du jour. Il ignore s'il gave le gamin ou s'il n'est juste pas très bavard. Un mélange des deux était également envisageable. Se découvrir à travers les pupilles d'un tiers était une expérience souvent traumatique -  ça réveillait des vieilles blessures chez lui, la sensation de se sentir possédé d'un simple coup d'œil, mis en cage, tu seras ainsi et jamais comme ça, oh comme ça l'enrageait, oh comme l'espace d'un instant il aurait voulu voir la figure docile de Quim se fendre en une expression sincère, peu importe le degré de désespoir pourrait-elle bien révéler. Evidemment que Quim était désespéré. Qui ne l'était pas ici ? C'était un putain de rendez-vous de désespérés. L'entrée aux non-désespérés était formellement interdite. Evènement VIP. Rentrez chez vous. Allez prendre l'air. Rire avec vos enfants. Faire des trucs de gens non-désespérés quoi.

On parlait ici d'une certaine classe de gens. Caractérisés par quelque chose qui dépassait les critères sociaux habituels. La misère humaine était protéiforme, pluriséculaire, même le fric ne l'arrêtait pas, pourtant Al Glackin était convaincu que l'argent était le dernier rempart contre le désespoir absolu. Tant qu'on avait pas le cul sur le trottoir, il y avait encore une lueur, un chemin à emprunter, une voie de secours. L'on était encore en état de ramper sous la fumée. Lui avait fréquenté de près cette bête féroce qu'était la misère lorsqu'il travaillait en prison. Des détenus dépossédés de tout, même parfois de draps, pour les suicidaires récidivistes. Des trous dans le cœur et des trous dans les dents. Bizarrement, il avait aimé ce taff, il s'était retrouvé dans son environnement, celui des bousillés. Il fallait un certain aplomp, pour choisir ce genre de boulot. Contrairement à ce qu'on disait, c'était rarement un hasard. Quant à la vocation, elle disparaissait d'elle même, au bout de quelques mois. Ceux qui croyaient au concept de justice réhabilitative se voyaient très vite confrontés au constat suivant : les 3 M.

Manque de ressources.
Manque de temps.
Manque d'humain.

Lui qui se croyait imperméable au vomi s'était retrouvé à avoir la nausée chaque matin.
Il avait quitté cette bulle infernale, mais lui avait ce luxe. Les autres bousillés, non.

- Pu-rée, mais c'est que t'as pas tort ! Peut-être même que c'est sa gonzesse qui fait les quiches ! Dans ce cas, elle nous ment depuis le début...

Al prend cette histoire de quiche à cœur, il s'agit probablement de l'attention la plus gentille que l'on a eu à son égard depuis des années.

Ouais, il invite le Quim.

Avec sa dégaine de clodo, il est sur le point de bascule et Al sait à quel point un bon petit digestif peut remettre les idées en place. Ils pénètrent dans un bar du coin, qu'Al connait bien, pour y avoir joué quelques fois au poker.

Et perdu, bien évidemment.

- Evite quand même de tout régurgiter, ça c'est de la qualité, l'informe t-il avec amusement, alors que le patron sert deux verres de whisky.

Al n'a même pas eu besoin de préciser lequel, il est connu comme le loup blanc.

- Pas de coloc pour t'enguirlander après tes fameuses "vodkas en solitaire", ou quoi ? J'vis avec un autre vieux, alors, je dois me tenir un peu...

La fin de sa phrase est avortée : il vient de remarquer, sur le mur en face de lui, un graffiti à l'image de la fameuse Perséphone. Ah tiens. Il filait ce genre de coton, l'patron ? Osé.
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