[ halloween ] i need a hero - noah

les talons claquent,
résonne dans la ruelle vide.

Lester est de sortie. L'une des premières depuis son évasion. Elle a fait attention Brooke, mais elle n'en peut plus. Plus d'un mois qu'elle reste enfermée, reprenant des forces, restant sur ses gardes. Elle suit les ordres pour ne pas se faire repérer, pour ne pas y retourner. On lui a dit de rester tranquille, que c'est pour sa sécurité mais Brooke, elle a ce besoin de liberté, de respirer un autre air. Rester là lui rappelle ces mois passés dans cette prison. L'impression d'en avoir rejoint une nouvelle. a s s e z Elle ne veut plus avoir peur, elle veut retrouver une vie normale. Trop dangereux, qu'on lui répète sans cesse. Des avis de recherche lancés, pourtant, ça n'arrête pas l'évadé faisant de son mieux pour changer physiquement, passant de blonde à brune, se maquillant plus que d'habitude, portant des vêtements qu'elle n'a pas l'habitude de mettre. Elle a fait de son mieux pour être méconnaissable.

elle tire sur sa cigarette,
le rouge vif sur ses lèvres marque le carton.

Lester ne sait pas vraiment où elle va. Elle prend juste l'air, se promène dans le quartier sans but précis. Elle regarde les passants, sourit légèrement en voyant cette foule qui l'entoure, l'ignore. Sur le trottoir d'en face, deux membres de l'unité anti-mutants. Son coeur loupe un battement. Elle continue sa marche en les suivant du regard. Ils ont l'air préoccupé par autre chose, elle peut souffler. Court instant de répit car les deux hommes viennent finalement en sa direction. Elle n'a rien fait de spécial, elle marchait tranquillement. Le stress monte d'un cran. Impossible de changer d'apparence, la brune finirait par reprendre la sienne bien trop rapidement et elle ne peut, ne veut pas se retrouver nue devant cette foule. Les regards seraient rivés en sa direction, tout ce qu'elle refuse. Elle se doit d'être la plus discrète possible.  Malgré les entrainements sur son don, elle n'a trouvé aucun moyen pour changer cet aspect négatif de son pouvoir. Elle a beau essayer de penser à une tenue qu'elle pourrait porter pendant qu'elle revient à elle, rien à faire. Elle se transforme sans le vouloir et peine à anticiper le changement.

Un hurlement se laisse entendre,
les hommes en uniforme se mettent à courir.

Mains tremblantes, sa cigarette, à moitié fumée, tombe sur le bitume. Pendant une fraction de seconde, Brooke a pensé qu'elle allait être interpelée, qu'on allait la reconnaitre. Cole a surement raison, c'est trop dangereux. Peut-être que c'est trop tôt. Elle se pensait plus forte que ça. Tête qui se secoue légèrement, elle prend une grande inspiration reprenant ses esprits. La brune reprend sa route, et change de direction. Elle empreinte un autre trajet pour retourner à sa chambre d'hôtel. Sur le chemin, elle s'arrête devant cette vitrine qui affiche son visage. Le gouvernement la fait passer pour une femme dangereuse pour la population alors qu'elle était la première effrayée par ces êtres dotés de pouvoir. Elle voudrait pouvoir arracher chacun de ces morceaux de papier. La colère qui l'envahit, elle a ce sentiment qui la submerge depuis le jour de son arrestation. Un sentiment d'injustice. Elle tourne la tête en entendant un bruit. Un homme vient de faire tomber une poubelle. Encore un des habitués du Garrett's bar qui ne réussit pas à tenir l'alcool. Sourcil qui se hausse en croisant son regard, étonnant, il a les mêmes yeux que son ami Micky. Moins brillants, mais tout aussi rouge.

Une nouvelle unité en patrouille,
elle se réfugie dans cette épicerie.

Elle se déplace dans les allées, cache son visage dans les rayons faisant semblant de regarder les articles. Elle se retrouve rapidement au fond du magasin. Oreille qui se tend en entendant des pas se rapprocher d'elle. Main qui glisse dans son sac à main où elle cache le pistolet qu'elle a volé à son frère. Capable de s'en servir contre l'un de ses soldats si cela lui permet de vivre hors de cette cellule. Elle ne bouge pas et regarde de bas en haut l'homme qui passe devant elle. Un soulagement ne le voyant pas vêtu de bleu. Elle retire la main de son sac et se déplace de nouveau dans le magasin.

Autant d’épis que dans un champ de maïs, l’air débraillé, et négligé. Petite barbe de quelques jours qui m’irrite les doigts alors que j’y passe le revers de ma main pour essuyer un filet de bave. Je m’étire tout en baillant. « Une journée bien productive, tu peux être fier de toi Noah. » soufflais-je empli d’ironie. Je jette un œil à l’horloge… milieu d’après-midi… Je soupire. Je suis une vraie galère….

Bon, on se remue le cul ! Je saute du canapé dans lequel je mettais endormi en relisant le dernier numéro de Nature. Ça ne vaut pas Playboy mais ça se laisse lire. Je m’étirais de nouveau avant de me demander quel était le programme de la journée. Je fis un pas avant de trébucher comme une merde sur une cannette vide de bière. Je me rattrapai aussitôt sur la table basse, la main en plein dans le cendrier qui se renversa avec moi. Et si on disait que cette journée était annulée et que je retournais dormir sur le canapé ? On n’a qu’à dire que je retenterai ma chance avec la vie demain ?

Après plusieurs minutes d’insultes de nettoyage, et de combat pour me débarrasser de cette odeur de tabac froid collée à la main. Je m’étais enfin décidé à aller faire des courses. Ce sont les cheveux attachés, et avec un gilet bien trop large pour moi que je m’aventurai dans les rues de Minneapolis pour aller à l’épicerie la plus proche. Car forcément je n’avais plus rien à manger ni à boire. La vie est si cruelle avec moi. L’ambiance était étrange, le mauvais temps automnal, la grisaille, les gens qui se déplaçaient de façon étrange… Ils sont si lents… Et ils prennent toute la largeur du trottoir bordel !
Je m’impatiente et je demande pardon sur un ton agacé à un couple qui marchait à deux à l’heure devant moi. Ils se retournèrent et je sursautai en voyant leurs têtes, c’est vrai Halloween est là. J’avais presque oublié… « Superbes vos lentilles ! J’adore le maquillage ! » dis-je avec un faux sourire que je perdis juste après les avoir dépassés. « Ok… super fliiippaaant… » chuchotai-je une fois devant eux.
Je ne pus m’empêcher d’accélérer et de tracer tout droit vers l’épicerie. L’un des deux membres du couple me tapota l’épaule en signe de remerciement. Les gens ont encore du savoir vivre malgré leur lenteur sur les trottoirs.

J’arrive enfin dans l’épicerie. Je salue par habitude le propriétaire avant de m’apercevoir qu’il n’est pas là. J’hausse les épaules, et je vais prendre ce qu’il me faut. Deux carottes, une courgette, ouais… Oh le plus important ! Je me dirige vers le fond de l’épicerie pour piocher six cannettes de bière, des IPAs, c’est assez récent mais vraiment bon.
Quand j’eus fini de glisser mon butin dans mon sac, je pris conscience que je n’étais pas seul. Une brune me passa au crible de bas en haut, dans le moindre détail. J’aime la discrétion. Et ça, je n’aime pas. Me faire scanner comme si j’étais de la viande… J’étais agacé, un poil gavé, avec ce début de journée de merde, j’étais à deux doigts de perdre patience.

C’est donc tout naturellement et égoïstement que je décidai donc d’agir comme un con pour relâcher la pression. « Oh mais non, vous n’avez même pas eu mon meilleur profil… » dis-je d’un air franchement déçu avant de prendre une pose de profil. La main tenant mon sac sur la hanche, tout en relevant mon gilet, et un doigt sur mes lèvres. Mais elle se contenta de reprendre ses courses en changeant de rayons sans réagir.

Mais je n’avais pas dit mon dernier mot. « J’ai vu des gens déguisés en monstre sur la route, mais je n’ai pas vu de déguisement de fugitive aussi réussi que le vôtre. Le carré brun taillé à la perfection, lisse et brillant. Je ne suis pas coiffeur mais si on était dans un film je dirais que vous étiez blonde et que vous fuyez quelqu’un. Si j’étais vous, j’opterais pour une longue chevelure rousse et bouclée mais bon… » Mon don me rendant intouchable, inarrêtable, impossible à enfermer, m’a donné plus d’audace… ou a tout simplement fait de moi un trou du cul résigné face à sa propre mortalité.

Je fus surpris en trouvant une bouteille de lait fraise à côté de l’autre scanneur aux cheveux brun là, je la glissais dans mon sac avant de reprendre mes courses, j’arborais une mine bien moins enjouée qu’il y a dix secondes. Et la sensation de me faire juger en montrant qu’à 29 ans je prends du plaisir à boire un lait fraise au goûter m’agaçait tout autant.

La main glisse sur les produits du rayon,
le regard perdu dans le vide.

Elle réfléchit Lester, elle ne fait même pas attention à l’homme qu’elle vient de croiser et qui se met à lui parler. Elle a plusieurs questions en tête, elle se demande si les unités qu’elle a croisées sont à sa recherche ou bien s'ils occupent leurs patrouilles d’une tout autre façon. Peut-être y a-t-il plus important que son évasion, sûrement, après tout, il y a des mutants recherchés bien plus violents qu'elle. Rien que de penser à ces soldats, les souvenirs remontent. Elle revoit les visages de tous ces hommes et femmes en bleu qu’elle a pu croiser. De l’homme qui l’a arrêté - la même peur au ventre qu’elle – jusqu’à celui qui l’a torturé psychologiquement et physiquement. Un frisson glacial parcourt son corps.

Elle sort finalement de ses pensées, surprise que l’homme, qu'elle a soupçonné être un bleu, durant une fraction de seconde, s’approche d’elle, lui parle. La fausse brune n'est plus habituée à ce qu’on lui adresse la parole. Le seul avec qui elle pouvait avoir des conversations, en étant prisonnière, était Rahim, qu'elle considère comme une réponse à ses prières, cette personne prenant soin d'elle durant son séjour en prison. Depuis sa sortie, elle n'échange qu'avec lui ou son frère alors quand une autre personne vient à sa rencontre elle ne sait même plus comment se comporter. L'agréable et souriante Brooke n'est plus, elle ne sait pas si elle retrouvera cette femme pétillante et sociable. Un sourcil qui se hausse en l’entendant. Brooke l’observe, croise les bras et fronce les sourcils suite à ses paroles. Elle regarde autour d’elle une seconde, heureusement personne n'est à proximité. Seuls, dans le coin de cette épicerie, mais elle, reste sur ses gardes se disant que les murs ont des oreilles.

Elle s’approche d’un pas et le fixe du regard légèrement énervée par sa remarque. - De quoi je me mêle ?! Je ne viens pas vers vous pour vous faire une réflexion sur votre façon de vous habiller ou vous coiffer. Certes, l'homme n'a pas tord, mais sa remarque passe mal, car elle, elle aime le changement qu'elle a fait. Une nouvelle coupe, pas trop courte pour que l'on ne voit pas la marque dans son cou, une frange pour cacher la très légère cicatrice visible sur le coin gauche de son front, qu'elle a depuis l'âge de huit ans et cette nouvelle couleur qui lui plaît, faisant malheureusement un peu trop ressortir ses yeux bleus. Si j’étais vous, j'opterais pour ne pas venir parler à une personne que vous voyez comme une fugitive, car elle pourrait être dangereuse et vous faire fermer votre clapet pour toujours avec facilité. Qu’elle prononce d’un ton sec, exaspéré par les dires de l'inconnu. Un soupir qu'elle laisse s'échapper et le regard qui se tourne en direction du bras de l’homme. lait fraise.. si mignon. Elle le juge, ça s'entend dans sa voix. Elle le fait exprès. En temps normal elle ne s'en préoccuperait même pas. Ses yeux bleus commencent à le scruter. Elle doit arrêter, de suite. Elle sait comment ça va finir si elle le fixe trop longtemps, elle va avoir l'envie d'étudier chaque trait de son visage et sans s'en rendre compte, elle prendra son apparence. Elle refuse qu'il sache que c'est une mutante. sinon vous ne voulez pas.... Elle se coupe dans sa phrase Brooke, elle a la tête qui tourne en direction de la rue. Un cri de douleur se fait entendre à l'extérieur. Si audible que la personne ne doit pas être très loin. La brune se rapproche de l'inconnu. Il y a les soldats qui se mettent à courir. Une grande inspiration, elle tente de se canaliser car elle ne contrôle pas suffisamment son pouvoir et la peur révèle sa nouvelle nature.  cette ville ne se repose donc jamais.. qu'elle murmure.

C’était à prévoir, elle m’envoie chier. Mais comment ça de quoi je me mêle ? Je viens faire mes courses en gueule de bois, je ne demande rien à personne, elle me fixe intensément du regard, et c’est moi qui me mêle de ce qui ne me regarde pas ?  « Ça ne vous a pas empêché de vous rincer l’œil à mon arrivée. » Aller c’est bon les conneries, j’ai des légumes à cramer dans une poêle trop chaude moi.
Je choppe du tonic pour aller avec mon gin à l’appartement, mais apparemment notre fausse brune n’avait pas dit son dernier mot. Si je lis entre les lignes, elle serait entre de me menacer ? « lait fraise.. si mignon. » En plus de juger ce que je prends comme courses… Par-dessus mon épaule sans la regarder, je me mets à l’imiter avec une vois légèrement plus aigüe que la sienne. « De quoi je me mêleee mhaaan ? »

Je pourrais lui broyer le cœur sans laisser de trace si je le souhaitais… Ok, j’espère que je n’ai pas pensé ça à voix haute. Elle s’apprêtait à en remettre une couche mais je lui coupai la parole. « Si j’étais vous. J’opterais pour ne pas menacer le premier ve... » …nu, venu… C’est ce que j’aurais aimé dire si je n’avais pas été interrompu par un hurlement. Je ne bouge pas, ne sursaute pas. J’ai l’habitude des cris soudains au bar. Cependant la vraie fausse brune semble moins à l’aise. Elle se rapproche de moi et elle prend de profondes inspirations, je la laisse faire.
Je pose une main sur son épaule pour la rassurer. « Ne bougez pas, je vais voir ce qui se passe dehors. » D’un pas nonchalant représentant toute ma désinvolture face à cette chienne de vie, je me dirige vers la sortie de l’épicerie. Je vois des soldats courir vers deux personnes. Une est à terre, et la deuxième est penchée au-dessus de la première personne, et semble lui faire du bouche-à-bouche. Je lève les yeux au ciel. Tout ça pour ça… « Ce n’est rien, juste quelqu’un qui a fait un malaise. » dis-je à la femme dans l’épicerie.

Mais soudain, un grognement, venant de la ruelle juxtaposant l’épicerie, se fait entendre. Par réflexe je recule sous le cadre de la porte. Et un homme déguisé comme le couple, que j’ai croisé plus tôt, surgit du passage longeant la boutique. Je sursaute en le voyant. Il me dit quelque chose...
Oh merde, oh merde, oh merde… c’est le proprio de l’épicerie ! Je rentre dans la boutique et je lui claque la porte au nez. Il grogne et tape sur la porte, laissant des traces rougeâtres sur le verre de cette porte. Seul rempart entre lui et moi. Et je suis sûr que ces intentions ne sont pas forcément bonnes… Tout en bloquant la porte je tente d’attraper la chaise derrière le petit comptoir qui sert de caisse.

Je cherche du regard des clefs pour fermer le rideau de fer sur le zombie et être plus en sécurité. Mais rien… « Tout va bien, les soldats embarquent le blessé haha heureusement qu’ils sont là hein… Hé merci pour votre travail messieurs ! » dis-je d’une voix faussement rassurante avant de faire mine de leur parler pour tenir à l’écart ma copine de courses qui semblait effrayée en les entendant courir.

Où sont ces putains de clefs ?! Oh merde… Elles sont autour du cou de notre zombie… Putain de Nuit des Morts Vivants de mes couilles. Putain de Thriller, putain de clip à la con. Putain de zombie !

Je prends une profonde inspiration, je mets dans un angle permettant de rester discret sur ce que font mes mains et j’utilise mon putain de don pour attraper ces putains de clefs. Faut que je sois rapide ! Ça marche ! D’un coup sec j’ai arraché les clefs du collier. Je regarde ma main… vide… Merde je n’ai pas réussi à tirer les clefs à travers la porte… Ok ne panique pas, regarde où elles so… Bah merde… J’ai réussi… elles sont juste tombées à mes pieds…

Je crois qu’on a de la chance, on n’a pas hérité des zombies avec une force surpuissante, mais plutôt les zombies chills qui marchent lentement. Mais je ne peux pas me pencher pour ramasser les clefs sans lâcher la porte… « Euh madame carré plongeant parfait ? Vous pouvez venir deux secondes ? Je crois que j’ai voulu un peu trop dédramatiser la situation en fait on est dans la m… » je me coupe net, la bouche grande ouverte. Toujours entrain de maintenir la porte fermée.


Je regarde au loin, et j’ai un haut le cœur. J’ai déjà disséqué un corps humain… Mais là… Ma petite bulle remplie de déni venait d’éclater. Je me suis senti sortir de mon corps. Plus un son, les coups dans la porte que je maintenais fermée semblaient si loin…

Le couple sur le trottoir d’en face… Ce n’était pas une réanimation… L’un bouffait l’autre à pleine dent, On aurait dit un petit mioche qui dévorait son épi de maïs beurré pour le goûter. C’était le couple que j’ai doublé sur le chemin y a 5 minutes…

Je me force à reprendre mes esprits… « Les clefs ! Les clefs à mes pieds ! Une d’entre d’elle devrait abaisser le rideau de fer. Mais j’ai les mains euh… prises… »