Appel.s entre Logan et Tallula.

L'amour était la mais tu m'as laissé sur le rebord
@logan king

Combien de nuit sans sommeil. Combien de nuit à penser un peu trop, à ressasser, la peur et le syndrome de l'imposteur qui t'angoissent, les démons aussi qui rodent à chaque recoins de pénombre. Combien de nuit sans sommeil, dans le lit de Kazimir ou bien le tiens. La solitude glaciale, t'as jamais aimé dormir seule, il semblerait qu'il faut t'y habituer maintenant. Le silence dans le noir, pas un son, pas même dans ton crâne, les mélodies se sont arrêtées. Juste du silence.
Et la sonnerie du téléphone ?
Ta ligne directe, pour éviter que Kazimir ou ton père puissent venir espionner tes appels, ça finit de te tirer complètement de ton état de somnolence alors tu tu te lève pour décrocher le combiné.
Allo ?
Parce que tu ne sais pas qui peut bien t'appeler à cette heure, qu'il est bien trop tard, et que t'espère que c'est pas une énième saloperie.
Ou presque.
Ton cœur qui valdingue quand t'entends sa voix à l'autre bout du fil. Tallula ? Une part de toi à envie de raccrocher et de fuir la discussion. Une part de toi à envie de disparaitre là maintenant.
Je suis là
Mais cette part de toi est trop faible face au reste, incapable, malgré tout le reste, quand c'est la nuit et qu'il n'y a plus personne pour vous entendre, t'as plus rien, plus de défenses, plus de barrière.
Juste un coeur à vif.

((Boom Boom))
((Boom Boom))

Je suis là.

((Boom Boom))
((Boom Boom))

Ta cage thoracique tremble sous les coups incessants de ton myocarde malheureux. Non, tu n'es pas là et c'est ça le problème. Elle n'était pas là. Elle n'était pas avec toi. Sa place dans ton lit avait pris la poussière et le givre. Incapable de trouver la même chaleur les autres, tu avais tout essayé. Femmes, hommes, tu ne cessais de chercher un moyen de recoller les morceaux de ton coeur. Seulement, la pièce centrale, l'alimentation même de toute ta mécanique, était prisonnière entres ses griffes. Consciente ou non, Tallula était autant ton remède que ton poison.

« Je ne te réveille pas ? ». Tu as laissé la couronne au sol, les dorures au placard, il n'y avait que ton esprit déchiré qui peinait à gonfler ses muscles à travers le combiné. Voix faible, un murmure presque, tu luttes. Tu luttes pour ne plus te faire avoir par la spirale infernale de l’élixir qui te faisait danser depuis des semaines. Sans cette potion qui chamboulait tes priorités, tu ressentais la pression. Comme un retour de bâton, ce poids t'écrasait encore et toujours plus, jusqu'à ce que tu puisses à peine respirer.
((Tu veux juste être en paix.))

L'amour était la mais tu m'as laissé sur le rebord
@logan king

Sa voix dans la nuit, comme un retour en arrière, alors que tu te laisse doucement glisser au sol, enrouler le fil autour de ton doigt alors que tu l'écoute parler, mes yeux fermés, en apnée.
je ne te réveille pas ?
non, ne t'en fais pas
Ce besoin de le rassurer, alors que ça devrait être l'inverse. Ce besoin de lui montrer que jamais il ne la dérangera. Ce besoin de lui montrer, que même s'il l'a oublié, lui est toujours là. Partout. Dans ses rêves, sur un bout d'oreiller, dans le pull qu'il a oublié un soir d'automne jusqu'aux mots échangés dans les casiers il y a déjà trop d'années.
Je ne dormais pas
La voix un peu cassée, alors que tu te recroqueville un peu plus, t'accrocher au combiné comme une bouée de sauvetage, l'imaginer à côté de toi, ses bras qui t'entourent, son contact qui te manque affreusement. Sa chaleur réconfortante.
Tu n'arrive pas à dormir ?
La question demandé timidement, alors que tu rouvre doucement les yeux, observer ta chambre plongée dans la pénombre, les souvenirs éparpillés qui dansent devant tes pupilles fatiguées.

Tu déglutis alors que le son de sa voix caresse ton oreille à travers le combiné. Tu pourrais presque sentir son souffle contre ton lobe, la présence de ses lèvres qui frôlent le cartilage, son coeur qui bat si fort qu'on en sent les palpitations dans l'équilibre des décibels. ((Tu perds la tête.)).

« Je ne dormais pas. ». ((Pourquoi ?)). « D'accord. ». Plus un murmure qu'une réponse, tu aurais presque envie de laisser planer le silence. Silence du coeur, silence de peur, tu as l'espoir naïf que les choses se règlent seules, que tout disparaisse dans le vide infini du néant sonore. Mais tu n'as jamais été doué pour rêver et la réalité te rattrape avant même que tu aies eu le temps de la fuir.

Les ressors du lit froid grincent quand tu prend place. Tu tires légèrement sur ton col, comme si une corde y était nouée, incapable de respirer, tu ne peux l'avouer mais tu crèverais pour une de ses étreintes. ((C'est le cas de le dire.)). « Tu n'arrive pas à dormir ? ». Mâchoire crispée, gorge qui gratte. « Non. ». Je fais des cauchemars, que tu aurais voulu préciser. Mais tu n'étais pas là pour faire grossir la culpabilité qu'elle pouvait supposément ressentir. « Et toi ? Tu y arrives ? »

L'amour était la mais tu m'as laissé sur le rebord
@logan king

Une part de toi voudrais lui demander la raison de son appel, pourquoi est-ce que c'est toi qu'il essaye de joindre, pourquoi est-ce que sa voix sonne trop comme avant, pourquoi, pourquoi, pourquoi. Mais tu ne dis rien.
C'est un entre deux, un instant rien qu'à vous, juste à vous, dans la tempête. Un instant dont personne ne sera au courant, et surement que demain vous aurez repris le cours de vos vies. Comme avant.
Et toi ? Tu y arrives ?
Non. je n'y arrive plus depuis un moment maintenant
Que tu avoue dans le noir. C'est le premier à qui tu le dis, les autres ne peuvent que s'en douter mais jamais tu ne l'as formulé à voix haute comme ça.
Je pense que le sommeil et moi on en a terminé pour l'instant
Rupture conventionnelle, depuis que tout à changé, quand tu dors c'est pour revoir encore et encore les monstres qui se cachent dans un coin de tes pensées, alors tu reste les yeux ouverts dans ton lit, à attendre que le temps passe, le coeur qui bat toujours trop fort, toujours trop vite, jusqu'à l'épuisement le plus complet.
Pourquoi tu m'appelle Logan ?
Que tu oses enfin demander. Ta main qui se crispe sur le combiné, t'appréhende sa répondre, peut être que tu devrais juste raccrocher.
t'as déjà le palpitant assez amoché, pas besoin qu'il revienne encore te poignarder.

Chaque seconde qui passe te donne envie de raccrocher. Et pourtant, quand tu entends sa voix, ça te propulse à une époque où tout était plus simple. Nostalgie des jours dorés, quand penser à elle ne te faisait pas souffrir, quand la regarder ne te donner pas envie de pleurer, quand l'avenir était, certes fragile, mais pas aussi incertain qu'aujourd'hui. Tu voulais simplement remonter le temps et rester figé dans ce cadre heureux qui te manquait tant.

Le Sommeil ne semble plus vouloir ni d'elle ni de toi. Ses mots résonnent en toi comme une vérité qui articule ta quotidien. Le Sommeil est en conflit avec toi, il refuse tes étreintes désespérées et rends ton repos difficile. C'est un souffle, un espèce de rire amer étouffé au fond de ta gorge, qui s'échappe d'entre tes lèvres alors que tu réponds dans un murmure. « C'est pareil pour moi. ».
((Le Sommeil t'en veut.))

La question fatidique tombe, ça t'en brûle presque les oreilles. Et tu sens ta gorge se serrer d'un coup, comme une corde qui s'enroule autour de ta nuque, tu aurais presque du mal à respirer. ((Pourquoi tu appelles, Logan ?)) « J'avais besoin de ... J'avais juste besoin d'écouter ta voix. ». L’aveu sonne comme un échec, tu as mis ton pion en danger et la partie s'est soldé par un échec et mat. « Et avant que tu ne me raccroches au nez, je voulais que tu saches que je suis désolé et ... ». Tu pourrais blâmer l'alcool, tu pourrais blâmer l'heure tardive, tu pourrais blâmer tant de chose mais au final, la vérité est que tu es juste fatigué de mentir. « ... Et tu me manques. ». ((La partie est terminée.)).

L'amour était la mais tu m'as laissé sur le rebord
@logan king

C'est pareil pour moi.
Dans un sens ça devrait te conforter, le fait que tu ne sois pas seule dans cette situation, que lui aussi il ai ses propres démons qui l'empêchent de dormir.
Puis tu te rappelle que c'est de ta faute s'il a des démons cachés sous son lit. Que c'est à cause de toi et tout le poison qui court dans tes veines. La nausée qui te prend alors que t'essaye de trouver des mots. Mais y a rien qui vient. Juste du silence.
J'avais besoin de ... J'avais juste besoin d'écouter ta voix.
Ton coeur qui vrille, parce que ça fait mal de l'entendre te dire ça, parce que pendant un instant c'est comme avant, vos appels clandestins, quand t'étais certaine que Kazimir n'était pas là pour écouter de l'autre côté. Juste vous deux.
Et avant que tu ne me raccroches au nez, je voulais que tu saches que je suis désolé et ..
Et quoi ?
Et quoi Logan  ?
Serrer les doigts autour du combiné, serrer les dents aussi un peu trop fort, ne pas chialer, se comporter comme une grande, comme une dame, comme quelqu'un de fort.
... Et tu me manques.
Lui raccrocher au nez parce qu'il n'a pas le droit. Couper court tout de suite à la conversation parce qu'il ne peut pas. T'es plus forte que ça. T'as tourné la page.
Ha ha ha.
Pourquoi je te raccrocherais au nez
Le murmure qui t'échappe. Merde. T'es idiote, stupide, débile.
Tu me manque aussi Logan
Tout le temps, tous les jours, encore et encore. Tu ne le montre plus vraiment, t'as caché tous tes regrets et ta tristesse dans un coin de crâne, t'as laissé tout le reste prendre trop d'importance pour oublier le cœur brisé, un chagrin d'amour n'a pas sa place quand la guerre commence à arriver.
Tu me manque mais je ne sais pas si c'est une bonne idée
T'as les doigts qui tremblent, t'es pathétique, dans le noir de ta chambre, clichée, gamine, t'es pas les épaules, pour porter ta couronne. Et lui non plus
Tu ne devrais plus m'appeler
Ni demain, ni jamais. (( l'envie de contraire )).

Si on apprend aux enfants que dire la vérité est synonyme de se libérer dun poids, chez les King, c'est tout l'inverse. Dire la vérité fait mal. ((Tu as mal)). Et pourtant, ça coule tout seul, comme une remontée d'acide, ça te brûle la gorge mais tu n'arrives pas à t'arrêter.

Tu me manques aussi.
Tu me manques aussi.
Tu me manques aussi.
((Est-ce la vérité ?))

Ton cœur se retourne dans tous les sens, si bien qu'il s'emmêle à tes cordes vocales. Incapable de parler, incapable de respirer, tu restes là, à écouter le son de sa voix comme si c'était la dernière fois. ((C'est peut-être le cas.)). Vous avez creusé la distance si bien que tu n'es plus sûre de pouvoir attendre l'autre bord de la rive.
Mais tu es près à y aller à la nage.

Tu ne devrais plus m'appeler.
Elle a raison. Tu n'aurais jamais dû le faire en premier lieu. Mais plus les jours passent, plus l'alcool imbibé dans tes neurones se dissipent et plus tu trouves cette situation ridicule. Tu as peur. Elle a peur. Mais tu préfères crever à ses côtés que vivre dans son absence.

« Je sais. ». C'est une mauvaise idée. Il fallait croire que tu les enchaînais. « Mais j'y arrive pas. ». Le combiné grésille, ta voix glisse comme un souffle perdu. « J'y arrive pas sans toi. ». ((J'ai besoin de toi.)). « Toutes ces choses horribles que j'ai dit. Je ne les pensais pas. Je voulais que tu le saches. ». La vérité doit éclater, parfois. Que tu le veuilles ou non.

L'amour était la mais tu m'as laissé sur le rebord
@logan king

Je sais.
Tu as encore sur les lèvres, le contact de fantôme de sa joue, de votre rencontre à la mairie, de votre danse destructrice.
Mais j'y arrive pas.
T'as le goût de sa peur, sur ta langue, la fureur de ses doigts, sur ta peau, des années d'amour envolées en fumée. Toi non plus tu n'y arrive pas.
J'y arrive pas sans toi.
Ne dis pas ça
Comme une supplique, contre le combiné, parce que tu refuse, qu'il revienne sur ses mots qu'il revienne sur tout le reste, sur ses insinuations, sur sa haine. Tu peux pas continuer d'osciller entre le passé et le futur, en équilibre sur ton fil, égoïstement c'est sa désertion qui te permet de grimper vers le sommet, quitter l'ancienne Tallula pour devenir une autre.
Plus grande.
Plus forte.
Plus femme.
Plus dangereuse.
Toutes ces choses horribles que j'ai dit. Je ne les pensais pas. Je voulais que tu le saches
Et la douleur quand il finit par prononcer ces mots. Ce que tu rêve d'entendre depuis mai, depuis votre rupture. Promis juré c'était pas vrai.
Tu peux pas dire ça Logan
Tu te repasse encore et encore, en boucle dans ta tête, tes nuits sans rêves, la même scène.
On sait très bien toi et moi que tu le pensais
Même juste un peu.
J'ai vu tes yeux Logan. J'ai vu ta peur.
Et sa douleur. Tout multiplié. Amplifié. Entre vous deux.
T'as raison tu sais, je suis un monstre
Parce que ce soir, dans le noir, tu ne peux pas le nier.

Ne dis pas ça. La vérité est douloureuse à entendre. La vérité est douloureuse à dire. Mais la vérité finit irrémédiablement par exploser. Un jour, un mois, un an, une vie, peu importe le temps qui passe, elle finit par resurgir. Et plus le temps passe, plus les conséquences de la révélation sont désastreuses. ((Tu en as marre de mentir.))

Alors tu continues, tu ne t'arrêtes plus, c'est plus fort que toi, ça s'enchaîne et tu sens que Tallula n'arrive pas à suivre la cadence. Tu ne peux pas dire ça, Logan. Tu n'as plus rien à perdre. On sait très bien toi et moi que tu le pensais. Ca t'échappe, un murmure douloureux, le combiné qui craque entre tes doigts tremblants. « Non ... ». J'ai vu tes yeux Logan, j'ai vu ta peur. Tu fermes les yeux, t'es à bout de souffle, ta tête grouille d'images parasites. « Tu as raison, j'ai eu peur. Mais je sais que toi aussi. ». Tu étais trop aveuglé par tes propres cauchemars pour le réaliser. Mais tu le sais. Tu n'es pas le seul.

Et finalement, le coup de grâce te secoue le coeur. T'as raison tu sais, je suis un monstre.. « NON. ». Ta voix a éclaté dans l'air, nerveuse, émotive, tu as l'impression de te perdre dans tes propres pensées. « Pardon, je voulais pas crier. ». Tes tonalités chutent, le souvenir de la nuit des horreurs tourne en boucle das ta tête. « Tu n'es pas un monstre. Ce qu'il t'arrive, ce n'est pas de ta faute. Ça ne l'a jamais été. ». Tu n'arrives plus à t'arrêter de parler. « Cette nuit-là, j'ai fait la plus grosse connerie de ma vie. J'ai abandonné la fille que j'aime, je l'ai laissé croire qu'elle était responsable de tout ce bordel et j'ai fui comme un lâche. Je comprend que tu m'en veuilles, parce que moi, je me déteste. Mais je t'en supplie, ne t'en veux pas pour quelque chose que tu ne contrôles pas. ». Tu t'en fiches de souffrir, tu t'en fiches d'être le méchant de l'histoire. Mais Tallula. ((Elle mérite de briller.))